TURQUIE – Pendant leur 1044e veillée sur la place Galatasaray, les Mères du Samedi ont exigé la vérité sur la disparition forcée d’Ali Karagöz le 27 décembre 1993 dans la province kurde de Şırnak.
Né en 1950, à Şırnak, Cizre, Ali Karagöz a été arrêté par l’armée turque le 27 décembre 1993 dans a ville natale. Depuis, ses proches ne savent toujours pas ce qui lui est arrivé tandis que les responsables de sa disparition restent à l’abri des poursuites.
Ali Karagöz était enregistré à Şax (Çağlayanköy) dans le district de Cizre à Şırnak. Il vivait avec sa famille dans le quartier de Cudi, dans le centre de Cizre.
Il avait 42 ans et était père de six enfants. Il gagnait sa vie en faisant le commerce d’animaux.
En 1993, une attaque à la roquette a été menée contre la maison de Kamil Atak, alors chef de la garde du village de Cizre. Environ 15 jours après cette attaque, le matin du 27 décembre 1993, des soldats et des gardes d’Atak ont fait irruption au domicile de la famille Karagöz aux premières heures du matin, ont sorti Karagöz de son lit et l’ont arrêté.
Lorsque sa femme leur a demandé ce qu’ils allaient lui faire, on lui a répondu : « Nous allons l’emmener, lui poser une question, puis le laisser repartir. »
Sa femme a suivi les soldats qui l’ont emmenée de force. Après un certain temps, elle a rencontré Şevkiye Aslan, l’épouse d’İskan Aslan, sur la pente où son mair avait été emmené.
Şevkiye Arslan lui a dit qu’ils avaient attaché les mains d’Ali Karagöz et de son mari İhsan Arslan ensemble et les avaient emmenés au sous-sol sous la maison de Kukel Atak.
Ayşe Karagöz s’est d’abord rendue à la maison d’Atak et a exigé que son mari soit libéré et a essayé d’obtenir de ses nouvelles. Là, elle a été menacée par le frère de Kamil Atak et on lui a dit que s’elle continuait à poser des questions sur son mari, elle aussi serait tuée.
Par la suite, N’ayant pas de nouvelles de son marie, elle a quitté les lieux et s’est adressé au parquet avec une requête demandant que son mari soit retrouvé. Cependant, ces requêtes écrites pour connaître le sort de son marie n’ont pas été mises en pratique.
Le procureur a dit à Ayşe Karagöz : « Vous me causez des ennuis, rentrez chez vous. » Lorsque Ayşe Karagöz a demandé plus tard s’il y avait eu des développements concernant la requêtes qu’elle avait soumise au bureau du procureur, on lui a répondu qu’elle n’avait pas de pétition.
Malgré tous ses efforts, depuis 1993, Ayşe Karagöz n’a toujours pas pu obtenir justice pour son mari disparu de force. Mais son cas n’est pas isolé…
Depuis plus de 29 ans, les mères du samedi demandent justice pour leurs disparu.e.s
Le samedi 27 mai 1995, les Mères du Samedi (en kurde: Dayikên Şemiyê, en turc: Cumartesi Anneleri) descendaient pour la première fois sur la place Galatasaray, à Istanbul, pour exiger la fin des disparitions forcées et demander qu’on leur rende leurs proches portés disparus.
Les « mères du samedi » reproche à l’État turc de ne pas avoir enquêté sérieusement pour établir la vérité sur ceux qui ont disparu après leur mise en détention par les autorités turques.
Selon l’Association des droits de l’Homme (IHD), entre 1992 et 1996, 792 disparitions forcés et meurtres (de journalistes, syndicalistes, médecins, enseignants, enfants ou simples paysans) par l’État ont été signalés dans les régions kurdes de Turquie.