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TURQUIE. Le gouvernement confisque une autre municipalité kurde

TURQUIE / KURDISTAN – Le ministère de l’Intérieur a nommé un administrateur à la tête de la municipalité kurde de Kağızman, dans la province de Kars, suite à la condamnation du maire Mehmet Alkan à 6 ans et 3 mois de prison pour « appartenance à une organisation terroriste ».

Okan Daştan, le gouverneur du district de Kağızman, a été nommé à la tête de la municipalité kurde, marquant la dernière d’une série de prises de contrôle par le gouvernement de municipalités dirigées par l’opposition.

La décision a été annoncée en début de matinée, avec une forte présence policière autour du bâtiment municipal. Nejla Demir, députée du parti pro-kurde Égalité des peuples et de la démocratie (DEM), a condamné cette décision, déclarant : « La politique de tutelle imposée par un système judiciaire politisé est un acte d’usurpation, de loi coloniale et de pillage. La nomination à minuit d’un administrateur de notre municipalité de Kağızman avec des centaines de policiers est un acte clair de saisie de la volonté publique et de pillage de ce qui appartient au peuple. »

Reprises municipales

Depuis les élections locales de 2024, 12 municipalités ont été reprises par le gouvernement, dont 10 dirigées par le DEM Parti et deux par le Parti républicain du peuple (CHP). La première intervention a eu lieu le 4 juin, lorsque le maire de Hakkari, Mehmet Sıddık Akış, a été démis de ses fonctions en raison d’accusations de terrorisme.

La liste complète des municipalités de l’opposition confisquées par le régime turc depuis les élections comprend :

  • DEM Parti : Hakkari (3 juin 2024), Mardin, Batman, Halfeti (4 novembre 2024), Dersim (22 novembre 2024), Bahçesaray (29 novembre 2024), Akdeniz (14 janvier 2025), Siirt (29 janvier 2025), Van (15 février 2025). 2025), Kağızman (24 février 2025)
  • CHP : Esenyurt (31 octobre 2024), Ovacık (22 novembre 2024)

Le parti DEM, qui a remporté 75 municipalités aux élections de 2024, dont 11 villes, a désormais perdu six de ces villes au profit d’administrateurs (kayyum ou kayyim) nommés par le gouvernement.

En vertu de la loi turque, le ministère de l’Intérieur a le pouvoir de suspendre les maires faisant l’objet d’une enquête criminelle et de nommer des gouverneurs de district ou des fonctionnaires comme maires par intérim, contournant ainsi de fait les conseils municipaux élus. Les administrateurs ont également le pouvoir de dissoudre les conseils municipaux, qui comprennent généralement des membres de plusieurs partis politiques.

Cette politique a été largement mise en œuvre après l’échec du coup d’État de 2016, lorsque le gouvernement a pris le contrôle de presque toutes les municipalités dirigées par le prédécesseur du parti DEM, le Parti démocratique des peuples (HDP), dans les régions à majorité kurde de Turquie. Le HDP a repris le contrôle de bon nombre de ces municipalités lors des élections de 2019, mais le gouvernement a de nouveau destitué la plupart de ses maires élus dans les mois qui ont suivi, invoquant des enquêtes liées au « terrorisme ». (Bianet)