Dans le texte suivant, l’activiste kurde réfugié en Suisse, Jalil Zendi déclare que pour les citoyens perses et turcs [mais également les Arabes syriens et irakiens] dont les États occupent le Kurdistan, défendre les droits des Kurdes est un « devoir moral et historique, non une faveur ».
Voici le texte de Jalil Zendi:
Défendre les droits des Kurdes : un devoir moral et historique, non une faveur
Lorsqu’un Persan ou un Turc défend les droits des Kurdes, il ne s’agit pas d’un acte de concession ou de faveur, mais plutôt de l’accomplissement d’un devoir moral et humain fondamental. Cette responsabilité découle de la reconnaissance des injustices historiques et systémiques subies par le peuple kurde, dont les terres ont été occupées et divisées entre plusieurs États.
Tous les citoyens des nations dont les gouvernements occupent le Kurdistan ont une obligation morale de s’opposer activement à cette occupation sous toutes ses formes. Cela inclut la colonisation, l’exploitation des ressources naturelles (pillage), les tentatives d’assimilation culturelle, les politiques génocidaires, la destruction de l’environnement (écocide), et toute autre manifestation de domination oppressive. Au-delà de la simple opposition, il est essentiel que ces citoyens prennent des mesures concrètes pour réparer les injustices passées et présentes, et pour soutenir les Kurdes dans leur lutte légitime pour la liberté et l’autodétermination.
Bien qu’il soit encourageant de voir émerger des individus ou des groupes qui se battent pour la liberté des Kurdes, nous ne devons pas idéaliser leur engagement ni fonder notre quête d’indépendance sur leur seule bonne volonté. La liberté est un droit universel et inaliénable, et personne ne devrait avoir le pouvoir de la refuser ou de la conditionner à des concessions. La lutte pour la souveraineté kurde doit reposer sur des principes solides et une reconnaissance collective de ce droit, plutôt que sur la bienveillance occasionnelle de certains acteurs.
Par ailleurs, il est important de ne pas juger les luttes internes des Persans et des Turcs— qu’il s’agisse de manifestations, de révoltes ou de revendications pour de meilleures conditions de vie—à travers le prisme des revendications kurdes. Ces mouvements ont leurs propres objectifs, qui visent principalement à améliorer la situation politique, sociale ou économique de leurs communautés respectives. Leur combat n’a pas pour but de répondre directement aux demandes des Kurdes ou de réparer les torts qui leur ont été infligés.
Enfin, même si certains Persans ou Turcs soutiennent activement la souveraineté kurde et acceptent l’idée d’un démantèlement des frontières étatiques actuelles sur le territoire du Kurdistan, cela ne doit pas être perçu comme un acte de générosité ou de charité. Il s’agit plutôt de la reconnaissance d’une obligation historique et éthique, celle de corriger les injustices commises et de permettre au peuple kurde de jouir pleinement de ses droits à l’autodétermination et à la dignité. La liberté des Kurdes ne devrait jamais dépendre de la bonne volonté des autres, mais être considérée comme un impératif moral et politique incontournable.