SYRIE / ROJAVA – Des délégations d’Europe, des États-Unis et de l’Internationale progressiste se sont rendues dans le nord et l’est de la Syrie, où elles ont rencontré le commandant général des FDS, Mazloum Abdi, pour discuter de l’agression turque, de l’impact de la politique américaine sous Trump et des négociations avec Damas. Abdi a souligné la nécessité de protéger les progrès réalisés dans la région en matière d’égalité des sexes, de gouvernance et de gestion des ressources pour garantir la paix et la stabilité. Le correspondant de Medya News, Chris Den Hond, rend compte de ces discussions cruciales et de leurs implications régionales.
Des délégations venues d’Europe, des États-Unis et de l’Internationale progressiste se sont rendues dans le nord et l’est de la Syrie dans le cadre d’une mission d’enquête visant à comprendre la dynamique de la région et ses luttes en cours, comme l’a rapporté Chris Den Hond, correspondant de Medya News.
La délégation a rencontré le commandant général des Forces démocratiques syriennes (FDS) [alliance militaire arabo-kurde dirigée par les Kurdes], Mazloum Abdi, pour discuter de questions cruciales, notamment l’agression continue de la Turquie, les implications de la transition politique américaine sous la présidence de Donald Trump et les négociations avec Damas sur l’avenir de la région.
La délégation, qui comprenait des représentants de France, d’Italie, d’Espagne, du Royaume-Uni et des États-Unis, a soulevé des questions sur l’influence croissante de la Turquie, l’intégration des FDS, des Unités de protection des femmes (YPJ) et des Unités de protection du peuple (YPG) dans une armée syrienne unifiée, et les accords de gestion des ressources.
Danielle Simonnet, représentante la délégation française, a posé des questions pointues sur les activités de renseignement turques à Damas :
« Pensez-vous que Damas est pour la Turquie une sorte de résidence secondaire ? La Turquie envisage-t-elle d’avoir plus d’influence en Syrie ? Sur quels points êtes-vous d’accord et quels sont les points de désaccord dans les négociations avec Damas ? »
Le représentant de l’Internationale progressiste a exprimé ses inquiétudes quant à l’impact de la transition gouvernementale américaine, demandant quels changements le commandant Abdi et l’Administration autonome du nord et de l’est de la Syrie (AANES) attendent sous la nouvelle administration.
Mazloum Abdi a répondu :
« La Turquie continue d’exploiter les périodes de transition politique, comme la récente investiture du président Donald Trump aux États-Unis, pour intensifier son agression dans le nord et l’est de la Syrie. Elle a explicitement déclaré qu’elle n’accepterait aucun cessez-le-feu tant que la nouvelle administration américaine ne serait pas fermement en place. Pendant ce temps, elle poursuit ses attaques, ciblant les infrastructures civiles et déstabilisant la région. »
« Nous essayons de parvenir à un accord de cessez-le-feu depuis plus de 50 jours maintenant, avec l’aide de nombreux acteurs internationaux, dont la coalition internationale, mais la Turquie refuse de s’engager dans des négociations sérieuses. En tant que Forces démocratiques syriennes, nous sommes déterminés à résister à ces attaques et à protéger notre région contre toute nouvelle occupation. Pour parvenir à un cessez-le-feu, nous avons besoin d’une pression internationale soutenue sur la Turquie au plus haut niveau », a poursuivi Abdi.
À propos des négociations avec Damas, Abdi a expliqué :
« Nos discussions avec Damas portent sur la création d’une Syrie démocratique et pluraliste. Nous nous engageons à ce que les droits du nord et de l’est de la Syrie soient reconnus dans la nouvelle constitution. Nous avons insisté sur l’intégration des FDS, des YPJ et des YPG dans une armée syrienne unifiée, avec comme principale exigence l’inclusion des femmes à tous les niveaux de la structure militaire. L’égalité des sexes a été l’une des réalisations les plus importantes de l’AANES et elle doit être préservée. »
« Les discussions économiques ont également été une priorité. Nous souhaitons parvenir à des accords équitables sur la gestion des ressources vitales comme le pétrole et le gaz, en veillant à ce que les populations de cette région bénéficient de ces ressources plutôt que des acteurs extérieurs. Notre contrat social est un cadre progressiste qui a déjà démontré son succès en matière de promotion de la coexistence et de l’égalité, et nous pensons qu’il devrait servir de modèle de gouvernance en Syrie », a-t-il ajouté.
Abdi a également évoqué la dynamique géopolitique au sens large, exprimant ses inquiétudes quant à l’influence de la Turquie à Damas. Il a souligné que les activités des services de renseignement turcs en Syrie posent des risques importants pour la stabilité et le progrès de la région.
Mazloum Abdi a expliqué que la Turquie profite de la période de transition aux États-Unis pour intensifier son agression dans le nord et l’est de la Syrie, soulignant que la pression internationale sur la Turquie est cruciale pour parvenir à un cessez-le-feu. Il a également souligné que les discussions avec Damas visent à garantir que les réalisations politiques et économiques de l’AANES, notamment l’égalité des sexes et un modèle de gouvernance pluraliste, soient reconnues dans une nouvelle constitution syrienne.
Un groupe de personnalités politiques françaises issues de l’opposition s’est rendu pour la première fois dans le nord-est de la Syrie. Leur mission d’enquête d’une semaine s’est concentrée sur l’enquête sur les crimes de guerre et les crimes humanitaires commis par la Turquie et sur l’évolution de la nouvelle Syrie. Photo de Medya News.
Le correspondant de Medya News, Chris Den Hond, rapporte que la délégation a exprimé son ferme soutien au modèle de gouvernance démocratique du nord et de l’est de la Syrie et a reconnu les défis posés par l’agression turque et les incertitudes entourant la politique étrangère américaine sous la nouvelle administration.