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TURQUIE. Les mères du samedi demandent justice pour Abdullah Canan

TURQUIE – Au cours de la 1034ème semaine de leur veillée hebdomadaire, les Mères du samedi ont exigé que les auteurs du meurtre d’Abdullah Canan, un homme d’affaire kurde assassiné en détention il y a 29 ans, soient jugés.
 
Abdullah Canan, 43 ans, était un homme d’affaires kurde vivant à Hakkari / Yüksekova (Gever). Le matin du 17 janvier 1996, il a quitté son domicile à Yüksekova pour se rendre à Hakkari. Selon les déclarations des témoins, sa voiture a été arrêtée par des soldats turcs sur l’autoroute Yüksekova – Van, et il a été arrêté et emmené au bataillon commando de la montagne Yüksekova. Mais les autorités turques ont nié son arrestation et le 21 février 1996, son corps torturé et troué de balles fut trouvé par des villageois de la région.
 
Avant son arrestation, Abdullah Canan et sept membres de sa famille avaient porté contre le major Mehmet Emin Yurdakul, qui était alors commandant de bataillon du commandement de montagne de Yüksekova. Il a été convoqué au bureau de Yurdakul avec deux autres plaignants et a subi des pressions pour qu’il retire sa plainte.
 
Le 17 janvier 1996, il a quitté son domicile dans la matinée pour se rendre au centre-ville de Hakkari. Selon des témoins, il a été arrêté par des soldats en chemin, puis emmené au camp de base du bataillon. Sa famille l’a recherché partout, mais les autorités turques ont nié son arrestation. Le 21 février 1996, son corps a été retrouvé par des villageois. Il portait de graves traces de torture et sept trous de balles. Ses mains et ses pieds étaient liés et sa bouche était bâillonnée.
 
Un soldat a par la suite déclaré qu’Abdullah Canan avait été interrogé et torturé à la base. Il a ajouté que Canan avait été abattu par le capitaine Nihat Yiğiter sur ordre du major Yurdakul. Personne n’a été tenu responsable de ce meurtre, bien que la Turquie ait été condamnée par la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH).

Depuis plus de 29 ans, les mères du samedi demandent justice pour leurs disparu.e.s
 
Le samedi 27 mai 1995, les Mères du Samedi (en kurde: Dayikên Şemiyê, en turc: Cumartesi Anneleri) descendaient pour la première fois sur la place Galatasaray, à Istanbul, pour exiger la fin des disparitions forcées et demander qu’on leur rende leurs proches portés disparus.
 
Les « mères du samedi » reproche l’État turc de ne pas avoir enquêté sérieusement pour établir la vérité sur ceux qui ont disparu après leur mise en détention par les autorités turques.
 
Selon l’Association des droits de l’Homme (IHD), entre 1992 et 1996, 792 disparitions forcés et meurtres (de journalistes, syndicalistes, médecins, enseignants, enfants ou simples paysans) par l’État ont été signalés dans les régions kurdes de Turquie.