AccueilEuropeFranceTribune. Justice et vérité pour le peuple kurde !

Tribune. Justice et vérité pour le peuple kurde !

PARIS – Dans une tribune co-signée, Raphaëlle Primet, co-présidente du groupe communiste et citoyen de Paris, Geneviève Garrigos, conseillère Paris en Commun, socialistes, écologistes et républicains de Paris et élue du 20ème arrondissement et Aminata Niakaté, conseillère de Paris et porte-parole des Ecologistes-EELV, exhortent l’État français à faire la lumière sur les deux attentats ayant ciblé les militants kurdes sur le sol français en 2013 et en 2022.

Voici leur tribune:

Le 9 janvier 2013, trois militantes kurdes, Sakine Cansiz, Fidan Dogan et Leyla Saylemez, étaient brutalement assassinées au cœur de Paris. Plus récemment, le 23 décembre 2022, Evin Goyi, Mir Perwer et Abdurrahman Kizil étaient assassiné.es dans des conditions similaires.

Six vies fauchées en plein cœur de notre capitale, des actes terroristes impunis qui interpellent notre conscience collective.

Six meurtres pour lesquels nous exigeons justice alors que dans ceux de Sakine, Fidan et Leyla le « secret défense », qui bloque l’instruction, n’a toujours pas été levé et que pour ceux de Evin, Mir et Abdurrahman le caractère terroriste a été rejeté quand bien même les cibles étaient clairement identifiées visant des membres éminent.es du Conseil démocratique kurde en France (CDK-F).

La France a le devoir de protéger les Kurdes, le devoir de faire éclater la vérité et de leur rendre justice pour mettre fin à l’impunité de ces crimes politiques.

Non seulement elle reste passive mais le harcèlement administratif, la répression contre les Kurdes en France a atteint de nouveaux sommets avec l’expulsion récente de trois militants kurdes vers la Turquie.

En contradiction avec de nos principes républicains, en violation de la Déclaration des droits de l’homme des Nations unies, de la Convention des Droits de l’homme du Conseil de l’Europe, de la Charte des Droits fondamentaux de l’Union Européenne et des nombreuses  conventions qui en découlent,  des militant.es kurdes sont aujourd’hui expulsé.es vers la Turquie, livré.es à un régime autoritaire où ils et elles sont détenu.es arbitrairement, victimes de torture et de mauvais traitements, condamné.es à de lourdes peines de prison au cours de procès inéquitables.

Nous condamnons également les attaques répétées par les Loups Gris, ces groupes soutenus par l’État turc, contre des militant.es kurdes pacifiques en Europe. Ces agressions, comme celles perpétrées à Strasbourg contre la veille permanente pour la libération d’Abdullah Öcalan, visent à intimider et criminaliser les manifestant.es. Avec le CDKF nous demandons au gouvernement français de renforcer la protection des locaux associatifs kurdes et de ne pas céder aux pressions de l’État turc.

En Syrie, alors que la chute de Bachar al Assad, le boucher de Damas, dont nous nous réjouissons, ferme la porte de cinquante ans de dictature cruelle et sanguinaire, Erdogan bombarde nuit et jour la région autonome du Nord et le Nord- est pour en expulser les Kurdes et détruire leur modèle démocratique et paritaire.

Dans quelques jours, nous allons célébrer les dix ans de la libération de Kobane par les unités kurdes YPG sur lesquelles se sont appuyés les Occidentaux pour vaincre le groupe Etat islamique, que les Kurdes combattent ce qu’il en reste et gèrent les centres de détention où s’entassent des milliers de djihadistes, la France ne doit pas les abandonner. Elle doit intervenir pour que leur droit à la souveraineté démocratique et à vivre en paix soient enfin respectés.

Nous demandons à la France d’agir à la hauteur de ses responsabilités. De mettre fin à son double langage afin que toute la vérité soit faite sur les meurtres de Sakine Cansiz, Fidan Dogan, Leyla Saylemez, Evin Goyi, Mir Perwer et Abdurrahman Kizil, que les auteurs et les commanditaires soient jugés afin de mettre fin à l’impunité et garantir la sécurité en France.

Notre lutte ne s’arrête pas là. Elle englobe la libération des prisonnier.es politiques kurdes et turcs injustement détenu.es dans les geôles d’Erdogan. Nous exigeons la fin de l’isolement carcéral et la libération d’Abdullah Öcalan, ainsi que le retrait du PKK de la liste des organisations terroristes.

Le combat pour la justice, la paix et la dignité du peuple kurde est le nôtre. Ensemble, portons haut et fort cette exigence, pour eux, avec eux et tous ceux et toutes celles qui luttent pour leurs droits et leur liberté.