AccueilEuropeFrancePère de Leyla Şaylemez : la France est coupable tant que la...

Père de Leyla Şaylemez : la France est coupable tant que la lumière ne sera pas faite sur le triple assassinat de Paris

Abdulbari Şaylemez, père de Leyla Şaylemez, assassinée aux côtés de Sakine Cansiz et de Fidan Dogan il y a 12 ans, a affirmé que le tueur à gages Ömer Güney avait été tué en prison en ajoutant que : « La France est coupable à nos yeux jusqu’à ce qu’elle fasse la lumière sur ce massacre*. »

Les propos d’Abdulbari Şaylemez ont été recueillis par l’Agence Mezopotamya.

12 ans de quête de justice des Kurdes de France
 
Le 9 janvier 2013, les militantes kurdes Sakine Cansiz, Fidan Dogan (Rojbîn) et Leyla Saylemez ont été abattues de plusieurs balles dans la tête dans les locaux du Centre d’Information du Kurdistan, à Paris, par un espion turc.

Le 23 janvier 2017 devait débuter le procès aux Assises d’Ömer Güney, le présumé coupable. Le suspect, qui était lié aux services de sécurité turcs à Ankara selon les informations obtenues par les avocats des familles des victimes, est décédé subitement en prison le 17 décembre, un mois avant le début du procès. Depuis, une nouvelle enquête a été ouverte à la demande des familles des trois victimes.

Les trois femmes ont été ciblées et assassinées pour leurs activités politiques au nom du peuple kurde. Sakine était une militante de longue date et membre fondatrice du PKK. Elle a passé de nombreuses années en prison dans des conditions terribles et a été torturée à la prison de Diyarbakir dans les années 1980 après le coup d’État militaire. Elle a dirigé le mouvement de protestation à l’intérieur de la prison et, après sa libération, s’est jointe à la lutte armée pour la libération du Kurdistan. Elle a été une puissante force d’inspiration pour le mouvement des femmes kurdes, qui demeure à ce jour un symbole d’espoir pour les femmes du Moyen-Orient. Fidan et Leyla étaient également des activistes dévouées à la cause kurde.

 

Le 23 décembre 2022, presque dix anas après le triple féminicide visant les militantes kurdes sur le sol français, trois autres activistes kurdes, Evîn Goyî (Emine Kara), responsable du mouvement des femmes kurdes en France, Mîr Perwer, un jeune chanteur kurde réfugié depuis peu en France, et le retraité Abdurrahman Kizil ont été abattus par William Malet devant le centre culturel kurde Ahmet Kaya où se trouve également le bureau du Conseil démocratique kurde en France (CDK-F), toujours dans le Xe arrondissement de Paris… Ce deuxième attentat terroriste ciblant les Kurdes a été requalifié de « meurtre prémédité à caractère raciste et tentative de meurtre, ciblant une ethnie spécifique et possession d’armes non autorisées ». La partie civile représentant les victimes y voient une tentative d’empêcher la justice de creuser du côté de l’Etat turc qui pourrait avoir engagé William Malet…

 

On a ciblé trois générations de femmes kurdes engagées

Sakine Cansız, cofondatrice du PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan), Fidan Doğan, représentant du KNK (Congrès national du Kurdistan) à Paris, et Leyla Şaylemez, membre du Mouvement de la jeunesse kurde, ont été brutalement exécutées au cœur de la capitale française, Paris, il y a douze ans, le 9 janvier 2013. 

Trois femmes, trois générations de femmes kurdes, engagées à différents niveaux et dans différents domaines, œuvrant sans relâche tant pour dénoncer la persécution des Kurdes que pour un chemin vers une paix juste et durable par le dialogue.

Elles ont été tuées par un tueur du MIT, le service secret turc. Il a abattu les trois femmes au Centre d’information du Kurdistan à Paris. A ce jour, aucune sanction n’a été prononcée.

Des documents, des enregistrements audio et des témoignages ont prouvé qu’il s’agissait d’un assassinat commandité par le MIT. Les services secrets français traitent toujours l’affaire comme un secret d’État et bloquent la divulgation d’informations. Le tueur à gages, Ömer Güney, arrêté après l’attentat, est décédé en prison dans des circonstances suspectes peu avant le début du procès en décembre 2016.

Les organisations kurdes ont averti à plusieurs reprises les autorités françaises que de nouvelles attaques étaient possibles si les responsables du triple meurtre et leurs complices n’étaient pas punis. Dix ans plus tard, le 23 décembre 2022, Evîn Goyî (Emine Kara), Mîr Perwer (Mehmet Şirin Aydın) et Abdurrahman Kızıl étaient abattus devant le Centre culturel kurde Ahmet Kaya, à proximité immédiate du Bureau d’information du Kurdistan.

SAKİNE CANSIZ (SARA) 

Sakine Cansız est née dans la province de Dersim en 1957. Après avoir été active dans le mouvement de jeunesse étudiante à Elazığ pendant de nombreuses années, Cansız a rejoint le mouvement révolutionnaire kurde en 1976.

Cansız, figure de proue de la lutte contre les cercles fascistes à Elazığ, était principalement actif dans les quartiers de Fevzi Çakmak et Yıldızbağları. En rejoignant le travail politique à Dersim et dans ses environs en 1978, Cansız s’est pleinement impliqué dans le mouvement révolutionnaire à partir de cette époque.

Après avoir assisté au congrès du PKK le 27 novembre 1978, Cansız fut arrêtée à Elazığ et envoyée en prison avec un groupe d’amis. Elle fut soumise à de lourdes tortures lors du coup d’État militaire du 12 septembre 1980. Elle fut libérée en 1991.

Peu de temps après sa libération, elle a continué à prendre une part active aux activités révolutionnaires au Kurdistan occidental et du Sud.

Après de nombreuses années de lutte dans les montagnes du Kurdistan, Cansız est partie en Europe où elle a commencé à diriger l’organisation des femmes kurdes. Elle était l’une des femmes inspirantes et éminentes qui ont grandement contribué à l’association et à l’organisation des Kurdes de la diaspora.

FİDAN DOĞAN (ROJBİN)

Doğan, l’une des deux autres femmes kurdes tuées à Paris il y a trois ans, est née dans le quartier d’Elbistan (Maraş) le 17 janvier 1982. Fille d’une famille immigrée en Europe, elle a grandi en France.

Doğan, qui s’est intéressée dès son enfance à la lutte pour la liberté du Kurdistan, a commencé à prendre une part active aux travaux révolutionnaires en Europe à partir de 1999. Outre son travail, principalement axé sur la jeunesse et les femmes, Doğan a également participé à des activités diplomatiques en Europe à partir de 2002. Elle était à la fois membre du Congrès national du Kurdistan et représentante de l’établissement à Paris.

LEYLA ŞAYLEMEZ (RONAHİ)

Leyla Şaylemez, fille d’une famille yézidie du district de Lice à Diyarbakır, est née en 1988 dans la province de Mersin, au sud du pays. Elle y a passé son enfance jusqu’à ce que sa famille déménage en Allemagne dans les années 90.

Elle étudiait depuis un an au département d’architecture lorsqu’elle a rejoint la lutte pour la liberté du Kurdistan. Après 2006, elle a commencé à participer activement dans de nombreuses villes européennes, notamment à Berlin, Cologne, Hanovre, Francfort et la ville suisse de Bâle.

Après avoir passé un an et demi au Kurdistan en 2010, elle est revenue à Paris, où elle travaillait depuis lors.