SYRIE / ROJAVA – Nesrîn Abdullah, l’une des commandantes des unités de protection des femmes (YPJ), s’est exprimée au sujet de la situation politique et militaire en Syrie, ainsi que les attaques de l’État turc contre le Rojava. Elle a déclaré que leur droit, « en tant que peuple syrien, est de choisir le genre de vie que nous voulons vivre. Nous ne laisserons notre destin entre les mains de personne ». Elle a déclaré que les composantes de la Syrie veulent vivre dans un modèle politique pluraliste et respectant les droits des femmes.
Soulignant que le régime Baas s’est effondré avec les attaques du HTS et qu’on se trouve face à un nouveau tableau en Syrie, Nesrîn Abdullah a déclaré : « La Syrie est entrée dans une nouvelle ère le 27 novembre. (…) D’un autre côté, l’État turc et ses gangs affiliés ont lancé des attaques dans le nord et l’est de la Syrie. On peut dire que les développements ont connu un séisme politique, militaire et social. Il semble qu’il y ait une transition d’un chaos à un nouveau chaos. Même si le nom de libération est utilisé, il y a déjà eu des conflits entre les [groupes de mercenaires] et la raison en est l’entrée des forces en Syrie. Nous voyons qu’il y a un conflit, quelque chose est imposé à la société syrienne. »
Notant que la Syrie abrite de nombreuses minorités ethniques et religieuses, Nesrîn Abdullah a mis en garde contre les massacres de ses minorités : « Il existe de nombreuses religions, langues, cultures, une histoire très riche et cette histoire définit tous les groupes. Mais quand si nous regardons la situation actuelle, elle est confrontée à de grands dangers. Cela n’apporte ni la stabilité ni la démocratie. Nous constatons actuellement qu’un gouvernement a été mis en place à Damas et que de nombreux représentants de différents pays sont arrivés. Bien entendu, ce trafic diplomatique à Damas est la diplomatie du système et des États. Cette question doit être très bien gérée afin que les gens puissent vivre en paix. Ce serait une bonne chose si ce trafic diplomatique aidait le peuple syrien à se reconstruire, à construire une véritable démocratie. Mais il semble que tout se fasse en fonction d’intérêts politiques.
Toutes les parties veulent participer à la Syrie et agir selon leurs intérêts. Cependant, un gouvernement démocratique devrait être établi en Syrie et ce gouvernement devrait inclure toutes les composantes de la Syrie. Toutes les identités doivent être libres, car la lutte depuis 2011 est une lutte pour une identité libre, des citoyens libres et des personnes libres.
Qui représente le nouveau gouvernement maintenant, avec quelle mentalité est-il représenté ? Ce sont des questions importantes. Le peuple syrien a le droit de comprendre, de rechercher et d’analyser cette prise de conscience. Le peuple syrien a le droit de prendre position contre ceux qui commettent des crimes et commettent des manquements. Des milliers de personnes ont perdu la vie dans la prison de Sednaya pour une vie décente. Malgré toute l’oppression, le peuple n’a pas abandonné ses objectifs et est toujours resté fidèle à ses objectifs.
Le peuple kurde et d’autres peuples déclarent vouloir un pays démocratique et écologique et une vie basée sur la liberté des femmes. Le gouvernement en place à Damas est-il prêt à cela ? Ce qu’il faut, ce n’est pas un État régi par la charia, c’est-à-dire pas comme en Afghanistan. (…) L’habit cousu par le monde extérieur ne convient pas à la Syrie.
Tout le monde devrait se rassembler autour des Forces démocratiques syriennes [FDS]. (…) Aujourd’hui, ils attaquent Kobanê. Kobanê est une identité pour les peuples non seulement du Moyen-Orient mais du monde entier. Notre lutte sera comme celle de Kobanê. (…) Nous pensons que notre lutte contre le terrorisme consiste à défendre l’ensemble de la communauté internationale, toutes les communautés et les femmes. Tout le monde devrait savoir que le succès sera celui de tous et que la défaite sera celle de tous. Nous insistons sur le succès. Pour cela, chacun doit remplir son devoir. J’appelle la jeunesse syrienne, elle doit être attentive à ces situations. [les jeunes de Syrie] devraient rejoindre les forces d’autodéfense par vagues. Ils devraient rejoindre les FDS. Nous défendrons notre peuple et notre région. Le temps est tel que les jeunes doivent accomplir leur devoir de légitime défense et répondons ensemble à ce processus ».
Jinha