AccueilKurdistanBakurTURQUIE. Les Kurdes manifestent contre les attaques ciblant le Rojava

TURQUIE. Les Kurdes manifestent contre les attaques ciblant le Rojava

TURQUIE / KURDISTAN – Le DEM Parti a organisé des manifestations dans la capitale Ankara et dans la province kurde d’Urfa, à la frontière du Rojava.
 
Le DEM proteste contre l’offensive des mercenaires soutenus par la Turquie en Syrie

« Hier c’était l’EI, aujourd’hui c’est HTS ; le Rojava n’est pas tombé et ne tombera pas », « Vive la résistance du Rojava », « Le Rojava est notre ligne rouge », pouvaient-on lire sur des banderoles portées par les manifestants.
 
Le parti pro-kurde Égalité des peuples et de démocratie (DEM) a organisé une manifestation contre les récentes offensives en Syrie menées par l’Armée nationale syrienne (ANS / SNA) soutenue par la Turquie et le groupe djihadiste Hay’at Tahrir al-Cham (HTC / HTS).
 
La manifestation a eu lieu dans le district de Suruç, dans la province d’Urfa, près de la frontière avec la Syrie. Parmi les participants figuraient Meral Danış-Beştaş, co-porte-parole du Congrès démocratique des peuples (HDK) ; Çiğdem Kılıçgün Uçar et Keskin Bayındır, coprésidents du Parti des régions démocratiques (DBP) ; Tülay Hatimoğulları, coprésidente du parti DEM ; ainsi que des militantes du Mouvement des femmes libres (TJA) et plusieurs députés.
 
Le groupe s’est rassemblé dans le quartier d’Aligor à Suruç avant de marcher vers la frontière, scandant des slogans et applaudissant.
 
Avant la manifestation, le bureau du gouverneur a annoncé une interdiction de manifestations pendant deux jours dans toute la province.
 
Manifestation à Ankara
 
En plus de la manifestation à la frontière, les chefs de file du groupe parlementaire du parti DEM, Gülistan Kılıç Koçyiğit et Sezai Temelli, ainsi que plusieurs députés, ont organisé une manifestation devant le ministère de l’Intérieur à Ankara, la capitale. Ils ont protesté à la fois contre les récents développements en Syrie et contre la nomination récente par le gouvernement d’administrateurs (kayyum) à la place des maires des municipalités kurdes.
 
S’exprimant lors de la manifestation, Kılıç Koçyiğit a accusé le gouvernement de cibler les communautés kurdes et le parti DEM à travers ce qu’elle a décrit comme des « nominations d’administrateurs et des opérations politiques visant à l’anéantissement [du mouvement politique kurde] ».
 
 
« Ils essaient de nous dicter la voie à suivre par le biais d’administrateurs et de mesures de répression politique », a-t-elle déclaré. « Ils cherchent à nous réduire au silence dans les espaces politiques démocratiques tout en effaçant la résistance démocratique de notre peuple contre ce fascisme. Soyons clairs : ce problème ne peut pas être résolu par des plans élaborés derrière des bureaux. »
 
« Appeler à la paix tout en provoquant la guerre »
 
Kılıç Koçyiğit a également critiqué la rhétorique du gouvernement sur la paix, affirmant qu’elle contredisait ses actes. « Vous prétendez rechercher la paix, mais vous provoquez la guerre et aggravez les tensions dans le pays. Nommer des administrateurs qui ne tiennent pas compte de la volonté du peuple ne peut pas être qualifié de paix. Parler de paix tout en approfondissant l’isolement et en ciblant les communautés n’est pas un chemin vers la paix », a-t-elle déclaré.
 
Abordant la situation en Syrie, elle a condamné le rôle du gouvernement dans les récentes opérations militaires. « Des gens célèbrent les drapeaux turcs hissés à Alep. À qui appartient Alep ? À qui appartient cette ville ? La Turquie tente-t-elle d’occuper Alep et la Syrie ? », a-t-elle demandé.
 
Kılıç Koçyiğit a rappelé que plus de 300 000 personnes ont été déplacées rien qu’à Afrin lors des dernières offensives et a critiqué l’implication de la Turquie dans l’armement et le soutien de mercenaires responsables d’attaques contre les populations kurdes. « La Turquie porte la responsabilité de tous les massacres contre les populations de la région, en particulier les Kurdes. On ne peut pas feindre l’ignorance. Qui a des bases à Idlib ? Qui a protégé HTS là-bas ? Quels engagements avez-vous pris à Astana ? Répondez à ces questions ».
 
« Syrie est notre ligne rouge »
 
« Aujourd’hui, ces groupes armés se dirigent vers les zones kurdes, détruisant leurs maisons et leurs vies, tout en affirmant qu’il existe une distinction entre les Kurdes de Syrie et de Turquie. Ce monde n’existe pas. Suruç et Kobané ne font qu’un, séparés seulement par une frontière. Kamışlo et Nusaybin sont identiques. »
 
Kılıç Koçyiğit a promis de continuer à résister aux nominations d’administrateurs et aux actions de la Turquie en Syrie. « Nous condamnons la pratique des administrateurs et nous nous joindrons aux mouvements pro-démocratie pour exprimer notre opposition partout dans le monde. Nos coprésidents marchent aujourd’hui vers la frontière à Suruç. Je tiens à être claire : la Syrie est notre ligne rouge. Nous ne permettrons pas que des massacres soient perpétrés contre la population de ce pays. Nous ne resterons pas les bras croisés pendant que notre peuple est tué. Nous lutterons pour défendre l’intégrité territoriale de la Syrie, le droit de son peuple à déterminer son avenir et l’instauration de la paix dans la région », a-t-elle conclu. (Bianet)