SYRIE / ROJAVA – Des comptes pro-Turquie affirment qu’un grand convoi militaire des mercenaires sous commandement de la Turquie a quitté le nord d’Alep et se dirige vers Manbij pour tenter de prendre la ville aux forces arabo-kurdes (FDS). Devlet Bahçeli, leader du Parti du mouvement nationaliste (MHP) et allié clé du gouvernement turc, faisant référence à l’invasion de Tall Rifaat et d’Alep par des gangs turco-jihadistes, a déclaré qu’il espérait que « Manbij sera la prochaine étape ».
L’arrivée à Manbil des mercenaires sous commandement turc inquiètent les forces kurdes. « Si les FDS mobilisent toutes leurs forces pour défendre Manbij, il sera difficile de contrôler le camp de Hol, où sont détenus plus de 70 000 membres de l’Etat islamique. Alors, le monde est-il prêt pour un nouveau désastre de l’EI? », écrit une activiste kurde sur X (ancien Twitter).
Devlet Bahçeli, leader du Parti du mouvement nationaliste (MHP) et allié clé du gouvernement turc, a appelé le président syrien Bachar al-Assad à tenir des pourparlers inconditionnels avec le président turc Recep Tayyip Erdoğan à la lumière des récents revers de son armée sur le champ de bataille.
Lors d’une réunion de son parti, Bahçeli a souligné l’importance de l’intégrité territoriale de la Syrie, affirmant : « Le respect de l’unité politique et territoriale de la République arabe syrienne est sans aucun doute fondamental. Penser autrement, sans parler d’envisager des alternatives, est absurde. »
« Cependant, la réalité est que la République arabe syrienne est devenue un État coincé entre Damas et Lattaquié, avec les deux tiers de son territoire hors de contrôle, sa souveraineté gravement blessée et sa survie ne tenant qu’à un fil. »
Bahçeli a critiqué la réticence d’Assad à dialoguer avec la Turquie, affirmant : « Assad a ignoré la main tendue de la Turquie, faisant la sourde oreille aux appels à la réconciliation et au dialogue. Le président d’un État qui a subi des confiscations territoriales, des défaites militaires et des tremblements de terre dévastateurs tente toujours de maintenir une façade de dignité.
Pendant ce temps, son pays a été envahi et soumis à une occupation généralisée, mais la mentalité actuelle du Baas, incapable d’accepter les efforts turcs contre les organisations terroristes, insiste sur des conditions préalables telles que notre retrait. Admettons que cette position n’est rien de moins qu’une honte. »
Les propos de Bahçeli illustrent les appels répétés d’Erdogan depuis l’année dernière au dialogue avec Assad, appels que le gouvernement syrien a toujours rejetés. Damas a fait du retrait total de la Turquie de Syrie une condition préalable à tout dialogue.
Bahçeli a estimé que le temps de l’action n’était pas encore révolu et a exhorté Assad à nouer des contacts avec la Turquie sans conditions préalables. « Selon nous, il n’est pas trop tard. L’établissement d’un contact et d’un dialogue directs et inconditionnels avec la Turquie, ainsi que la démonstration d’une volonté de normalisation, serviraient avant tout les intérêts d’Assad et ceux de son pays. »
L’offensive d’Alep
Les propos de Bahçeli interviennent dans un contexte de développements majeurs sur le terrain en Syrie depuis des années, qui ont vu le gouvernement syrien perdre le contrôle d’Alep, la deuxième plus grande ville du pays. Des groupes armés d’opposition, menés par Hay’at Tahrir al-Cham (HTC / HTS), basé à Idlib, ont lancé une offensive surprise le 29 novembre, s’emparant de vastes territoires à Alep et Idlib. Ces gains ont doublé en quelques jours les zones contrôlées par l’opposition, et des affrontements se poursuivent actuellement près de Hama, dans le centre de la Syrie.
Pendant ce temps, l’Armée nationale syrienne (ANS), soutenue par la Turquie, s’est emparée de la ville de Tel Rifaat, sous contrôle kurde, dans le nord d’Alep. Faisant référence à cette avancée, Bahçeli a exprimé l’espoir de voir de nouvelles opérations se dérouler, déclarant : « J’espère que Manbij sera la prochaine étape. »