Un groupe criminel du secteur de la santé auraient causé la mort de nombreux nouveau-nés souffrant de problèmes de santé pour générer des profits illégaux, a révélé une enquête d’un an et demi. Selon des informations, ce réseau s’étendrait à plusieurs hôpitaux d’Istanbul et impliquerait 47 personnes.
Un scandale de fraude aux soins de santé a éclaté en Turquie, impliquant la mort d’au moins 21 nouveau-nés (jusqu’à présent). Des médecins, des infirmières et des ambulanciers ont manipulé les dossiers des unités de soins intensifs pour escroquer l’État à des fins lucratives, ce qui a entraîné la mort de dizaines de nouveau-nés.
Le groupe composé de médecins et d’employés des centres d’appels d’urgence, surnommé « Yenidoğan Çetesi » (« Gang des nouveau-nés »), est responsable de la mort de nombreux nourrissons, selon l’acte d’accusation déposé le 16 octobre.
Le projet consistait à orienter les nouveau-nés souffrant de problèmes de santé vers des hôpitaux privés, où les membres du gang avaient des contacts. Dans de nombreux cas, ces hôpitaux administraient des traitements et des médicaments qui n’étaient pas nécessaires ou n’étaient pas équipés pour répondre aux besoins médicaux des bébés.
Les hôpitaux privés impliqués ont facturé à l’Institution de sécurité sociale de Turquie (en turc: Sosyal Güvenlik Kurumu – SGK) et aux familles des frais excessifs, ce qui a généré des profits importants pour les membres du gang.
Le procureur menacé dans son bureau
Le parquet général de Büyükçekmece a ouvert une enquête le 21 mai 2023, après une plainte de la direction provinciale de la santé d’Istanbul.
Au 20 juin 2023, plusieurs opérations ont permis l’arrestation de plusieurs suspects. Parmi eux se trouvaient des individus ayant des liens directs avec des hôpitaux privés impliqués dans cette opération.
Un acte d’accusation contre 47 suspects, dont 22 sont actuellement en détention provisoire, a été émis le 16 octobre.
Le dépôt de l’acte d’accusation fait suite à une indignation publique, déclenchée par une vidéo divulguée sur les réseaux sociaux plus tôt cette semaine, dans laquelle un homme apparemment affilié au gang menaçait le procureur menant l’enquête dans son bureau.
Dans la vidéo enregistrée en secret, l’homme qui se présente comme un ancien agent des forces de l’ordre, prévient le procureur que les personnes impliquées sont extrêmement dangereuses, le suivent ainsi que sa famille et feront du mal à ses proches s’il n’étouffe pas l’affaire.
Licences hospitalières révoquées
La SGK a confirmé aujourd’hui que ses inspecteurs, dont trois inspecteurs en chef et trois inspecteurs réguliers, mènent des enquêtes sur les hôpitaux sous contrat avec la SGK.
En outre, la Turquie a révoqué les licences de neuf hôpitaux d’Istanbul. L’un d’entre eux, l’hôpital Şafak, dans le district de Bağcılar, a vu ses activités suspendues en septembre en raison de son implication présumée dans cette affaire.
Autres revendications
Suite à ces révélations, de nombreux parents se sont manifestés sur les réseaux sociaux, affirmant que leurs propres nouveau-nés pourraient avoir été soumis à des mauvais traitements similaires dans des hôpitaux privés.
La SGK a déclaré que, conformément à la réglementation actuelle, elle audite principalement les hôpitaux sur les questions financières et de facturation, ce qui suggère que des réformes plus larges pourraient être nécessaires pour empêcher de tels abus à l’avenir.
L’Association médicale turque (TTB) a imputé l’incident au gouvernement, affirmant qu’il était le résultat de politiques axées sur la rentabilité et visant à « transformer les hôpitaux en entreprises et les patients en clients ». (Bianet)