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TURQUIE. 72 attaques haineuses ont fait cinq morts en huit mois

TURQUIE / KURDISTAN – Parmi les attaques, 29 visaient des réfugiés et des ressortissants étrangers, 13 étaient dirigées contre des Kurdes, 12 contre des LGBTI+ et sept contre des minorités ethniques et religieuses ou des personnes exprimant des opinions religieuses, selon un rapport de la Fondation des droits de l’homme de Turquie.
 
La Fondation des droits de l’homme de Turquie (TİHV/HRFT) a publié aujourd’hui un rapport documentant les incidents d’attaques physiques et verbales discriminatoires, racistes et motivées par la haine qui se sont produits à travers le pays entre le 1er janvier et le 1er septembre.
 
Selon le rapport, au moins 72 agressions verbales ou physiques ont été enregistrées au cours de la période de huit mois. Parmi celles-ci, 29 visaient des réfugiés et des ressortissants étrangers, 13 visaient des Kurdes, 12 des LGBTI+, 7 des minorités ethniques et religieuses ou des personnes exprimant des opinions religieuses, et 11 d’autres groupes.
 
Cinq personnes ont perdu la vie dans ces attaques, dont deux réfugiés, une personne exprimant des opinions religieuses, un membre d’une minorité ethnique/religieuse et une personne LGBTI+. Au moins 26 personnes ont été blessées.
 
Violences contre les réfugiés syriens à Kayseri
 
L’un des incidents les plus marquants s’est produit à Kayseri, dans le centre de la Turquie, où un réfugié syrien a été arrêté en août, soupçonné d’abus sexuel sur un enfant. À la suite de cet incident, une série d’attaques ont ciblé la communauté locale de réfugiés. Au moins 24 entreprises ont fermé et plus de 3 000 réfugiés ont fui la ville.
 
Le ministère de l’Intérieur a indiqué que 1 065 personnes ont été arrêtées à la suite de ces attaques. Parmi elles, 28 ont été arrêtées et 187 ont été libérées sous contrôle judiciaire.
 
Mauvais traitements et torture
 
Le rapport identifie au moins 45 actions discriminatoires, racistes ou motivées par la haine visant les Kurdes, les LGBTI+ et les réfugiés par des institutions officielles.
 
Trois réfugiés ont perdu la vie à la suite d’interventions des forces de l’ordre et d’autres organismes publics, dont l’un est décédé après son expulsion. Au moins 661 personnes ont été victimes de torture et de mauvais traitements, dont 59 réfugiés.
 
Marches des fiertés et Newroz
 
Le rapport fait état de plusieurs cas de célébrations, telles que les célébrations du Newroz et les marches des fiertés, qui ont été réprimées par la violence policière.
 
Au total, 32 rassemblements pacifiques ont été perturbés par les forces de l’ordre, ce qui a conduit à l’arrestation d’au moins 602 personnes, dont beaucoup ont été soumises à la torture ou à des mauvais traitements. Parmi les personnes détenues, 40 ont été arrêtées, tandis que 66 ont été libérées sous contrôle judiciaire et une a été assignée à résidence.
 
Durant le mois des fiertés et la semaine de la fierté trans, la police a perturbé huit manifestations pacifiques, ce qui a entraîné l’arrestation d’au moins 56 personnes. Les individus ont été accusés de « résistance à la police », « insulte » et « agression légère ». Six des personnes arrêtées ont ensuite été libérées sous contrôle judiciaire.
 
Lors des célébrations du Newroz et des rassemblements électoraux organisés par des groupes kurdes, la police a arrêté au moins 498 personnes, dont des enfants, accusées notamment de « propagande pour une organisation terroriste » et de « violation de la loi sur les manifestations ». Dix des personnes arrêtées ont été arrêtées, tandis que 51 ont été libérées sous contrôle judiciaire.
 
Répression des événements kurdes
 
Le rapport documente également de multiples incidents où des individus ont été arrêtés pour avoir dansé sur de la musique kurde lors de mariages ou dans la rue.
 
Au cours de sept événements distincts survenus dans des villes comme Mersin, Ağrı, Siirt et Istanbul, un total de 48 personnes, dont des musiciens et des organisateurs d’événements, ont été arrêtées pour « propagande terroriste ». Parmi elles, 30 ont été arrêtées, tandis que neuf ont été libérées sous contrôle judiciaire et une a été placée en résidence surveillée. Quatre personnes ont été condamnées à un an et trois mois de prison pour le même chef d’accusation.
 
« Érosion de l’État de droit »
 
Le TİHV s’inquiète de l’utilisation croissante de discours discriminatoires et haineux, qui, selon lui, sont normalisés par les autorités. Il critique ce qu’il décrit comme une attitude permissive des politiciens et des forces de l’ordre en réponse aux incidents violents, comme ceux de Kayseri, affirmant qu’une telle approche légitime la violence au sein de la société.
 
« Cette agression inquiétante et l’attitude légitimatrice des autorités publiques sont des manifestations claires de la violence structurelle qui définit les relations politiques et sociales dans le pays. Cela ne se limite pas aux réfugiés et aux demandeurs d’asile, mais affecte un spectre beaucoup plus large de la société », a déclaré le groupe.
 
Le rapport conclut en avertissant que le choix de l’État de maintenir l’ordre public par la violence et l’oppression porte atteinte à l’État de droit et érode les fondements d’une société démocratique. (Bianet)