Le 12 septembre 1980, un putsch militaire a basculé la Turquie dans la terreur absolue ciblant la société kurde et les milieux socialistes. 44 ans après ce coup d’État sanglant mené par le général Kenan Evren, ses séquelles restent intactes dans la mémoire collective du pays, notamment au Kurdistan du Nord sous l’occupation turque.
Coups d’État qui n’en finissent pas
La Turquie a connu plusieurs bouleversements politiques orchestrés par son armée : 27 mai 1960, 12 mars 1971, 12 septembre 1980, 17 avril 1993, 28 février 1997 et 27 avril 2007. Dans le cadre de cette chronologie, notons qu’une tentative de coup en 2015 a servi de prétexte au Président Erdogan pour initier une vaste campagne d’arrestations, visant politiciens, militants d’opposition, ainsi que des purges au sein des institutions, comme l’armée et les universités.
Le coup d’État du 12 septembre 1980
Sous la houlette du général Kenan Evren, le Conseil de sécurité nationale instaure un état de siège sur tout le territoire. Cette décision entraine l’arrestation de figures politiques majeures, la dissolution de l’Assemblée nationale et l’interdiction des associations et syndicats. Bulent Ulusu, un amiral à la retraite, est alors nommé Premier ministre.
Ce coup d’État est le troisième en l’espace de trente ans, précédé par ceux de 1960 et 1971. Entre 1971 et 1984, la répression s’intensifie, ciblant en particulier les Kurdes et les forces de gauche.
Les conséquences dévastatrices du coup d’État
La Grande Assemblée nationale turque et la Constitution furent immédiatement suspendues par la junte militaire le 12 septembre 1980, tous les partis et syndicats étant dissous et toutes les grèves déclarées illégales. Tous les maires des provinces et des districts ainsi que tous les membres des conseils locaux ont été remplacés par des militaires.
650 000 personnes ont été arrêtées dans les semaines et mois suivants, et 230 000 personnes ont été jugées par des tribunaux militaires. Les juges ont été condamnés à mort plus de 500 personnes. 50 personnes ont été exécutées par pendaison.
300 personnes sont mortes dans des centres de détention et des prisons dans des circonstances suspectes, et 171 personnes ont été tuées sous la torture.
Plus de 1,6 million de personnes ont été inscrites sur une liste noire et 14 000 ont été déchues de leur citoyenneté. Quelque 30 000 personnes sont devenues des réfugiés politiques, la plupart en Europe.
L’un des héritages les plus importants du coup d’État du 12 septembre, la Constitution de 1982 actuellement en vigueur et qui est un produit direct du régime militaire, a été approuvé lors d’un référendum à une majorité écrasante de 91,4 %. Le taux de participation a été de 91,3%.
44 ans après le coup d’État du 12 septembre 1980, ses conséquences résonnent encore dans l’histoire et la mémoire collective. Une journée qui reste synonyme de perte, de répression et de changement pour le pays.