TURQUIE / KURDISTAN – Hier, un drone turc a ciblé un véhicule transportant des journalistes à Sayyid Sadek, à l’est de la province kurde de Souleimaniyeh. L’attaque a couté la vie aux journalistes Gulistan Tara et Hêro Bahadîn, tandis que six autres journalistes, dont le directeur de la société Chatr, Rêbin Bekir (30 ans), ont été blessés.
Des organisations de défense des journalistes, des ONG de défense de droits humains, ainsi que des partis politiques ont condamné ce nouvel assassinat des journalistes commis par la Turquie au Kurdistan d’Irak. Ils appellent à ce que la Turquie soit poursuivie pour ce crime.
L’IHD condamne les meurtres de journalistes
L’Association des droits de l’homme (IHD) a déclaré dans un communiqué que « les travailleurs des médias kurdes continuent d’être la cible de bombes. Les médias et les journalistes kurdes, dont on a tenté de les réduire au silence par des disparitions en détention et des bombardements de locaux de journaux dans les années 1990, continuent d’être la cible de bombes. Vendredi, à la suite d’une attaque de drone contre un véhicule à Sulaymaniyah, dans le gouvernement régional du Kurdistan, deux femmes journalistes kurdes (Gulistan Tara et Hêro Bahadîn) ont perdu la vie. En tant que défenseurs des droits de l’homme, nous considérons cet incident comme un massacre de journalistes. On sait que la Turquie mène des opérations militaires dans la région depuis un certain temps.
Nous appelons le gouvernement irakien, la République de Turquie et le gouvernement régional du Kurdistan à prendre leurs responsabilités et à traduire les meurtriers en justice. Nous exigeons également que les détails de l’attaque soient communiqués aux institutions indépendantes pour qu’elles puissent enquêter. Les médias libres ne peuvent pas être réduits au silence ».
Parti DEM : les stylos ne resteront pas par terre
L’Assemblée des femmes du Parti pour l’égalité des peuples et la démocratie (DEM) a également publié une déclaration écrite, affirmant que le ciblage du véhicule transportant les journalistes était une attaque délibérée et organisée. « En ciblant les femmes journalistes qui ont dénoncé les attaques contre le peuple kurde et les femmes dans la région fédérale du Kurdistan, une tentative a été faite pour dissimuler les crimes de guerre commis dans la région. Le but de cette attaque est d’approfondir les politiques d’annexion et d’occupation et d’empêcher une réaction internationale contre de telles politiques.
Ces attaques contre le peuple kurde, contre les acquis du peuple kurde et contre la lutte pour la liberté ont déjà été menées par des agents et des forces paramilitaires. Notre journaliste Nagihan Akarsel a été assassinée à Sulaymaniyah à la suite d’une de ces attaques. Les puissances impériales et les structures paramilitaires qui ont mené cette attaque ne pourront pas intimider la lutte du peuple kurde, des femmes ou des femmes journalistes.
Nous ne permettrons pas que les crimes de guerre commis soient masqués par des massacres de civils. L’administration fédérale du Kurdistan doit immédiatement faire une déclaration sur ces massacres. Elle doit dénoncer les pouvoirs qui sont derrière ce massacre et les tenir responsables. Sinon, elle sera directement responsable et complice de ces massacres. Tout comme nous maintenons en vie notre journaliste Nagihan avec ses idées, ses écrits et son combat où que nous soyons, nous réitérons notre promesse de maintenir en vie également la lutte de nos camarades Gulistan Tara et Hero Bahadin. Les plumes des femmes journalistes kurdes des médias libres ne resteront pas sur place ».
DISK BASIN IŞ : Les attaques doivent cesser
Syndicat turc des employés de la presse et de l’imprimerie (Türkiye Basın Yayın Matbaa Çalışanları Sendikası – DİSK Basın Iş) a publié un communiqué dans lequel il déclare : « Les journalistes Gulistan Tara et Hêro Bahadîn ont perdu la vie dans l’attaque contre le véhicule transportant les journalistes à Süleymaniyah. Les journalistes qui garantissent le droit du public à recevoir des informations et qui accomplissent un service public en ce sens sont également des civils, et les lois internationales interdisent de cibler les civils et donc les journalistes dans tout type de conflit. Nous condamnons cette attaque contre nos collègues et présentons nos condoléances à leurs familles. Toutes les attaques contre les journalistes doivent cesser immédiatement. »