Des centaines de familles yézidies, détenues de force par le KDP (le parti au pouvoir dans la région du Kurdistan irakien) dans les camps de Duhok et de Zakho, ont commencé à quitter les camps et à fuir, pensant qu’elles étaient menacées par les discours de haine dirigés contre elles.
Les Yézidis ont fui les camps par crainte d’une attaque contre eux après que les imams de Duhok et de Zakho ont incité à la haine dans leurs sermons du vendredi et que les comptes des médias locaux du KDP ont alimenté la haine sur les réseaux sociaux.
Des centaines de familles yézidies en fuite ont atteint Shengal vendredi. Le retour des déplacés yézidis dans leur ville natale se poursuit, selon certaines informations.
Des centaines de véhicules se sont accumulés à l’entrée de Shengal. Les familles qui arrivent sont accueillies par les forces de l’administration autonome de Shengal et des Êzîdxan Asayish (unités de sécurité locales).
Plus tôt dans la journée, l’Administration autonome a appelé l’Irak à prendre des mesures de sécurité urgentes contre la possibilité d’une attaque contre les Yazidis dans les camps.
Contexte : Génocide des Yézidis à Shengal
Le 3 août 2014, l’État islamique a attaqué la région de Shengal, dans le nord de l’Irak, dans le but d’exterminer la communauté yézidie, déjà persécutée depuis des siècles. Massacres systématiques, viols, tortures, expulsions, réduction en esclavage de filles et de femmes et recrutement forcé de garçons comme enfants soldats ont fait des Yézidis le 74e génocide de leur histoire. Selon l’ONU, au moins 10 000 personnes ont été tuées, dont environ la moitié étaient des enfants. Parmi les milliers de personnes qui ont succombé à la faim, à la soif ou à leurs blessures en fuyant vers les montagnes, presque toutes étaient des enfants (93 %). L’État islamique a forcé des garçons de sept ans à travailler comme enfants soldats dans ses camps d’entraînement. Des filles ont été violées et réduites à l’esclavage sexuel, et plus de 400 000 personnes ont été chassées de chez elles.
Selon les estimations de l’organisation Yazda, environ 2 700 Yazidis sont toujours portés disparus aujourd’hui, dont environ 1 300 qui étaient enfants au moment de leur enlèvement. Beaucoup d’entre eux sont encore systématiquement violés et détenus et vendus comme esclaves. Ce génocide constitue donc également un féminicide. L’organisation Nadia’s Initiative estime que 300 à 400 filles et garçons de moins de 18 ans sont toujours aux mains de l’EI. Plus de 3 500 Yazidis ont été sauvés, dont 2 000 enfants.