PAYS-BAS. Aujourd’hui, la justice néerlandaise a pris la décision d’extradition du journaliste kurde Serdar Karakoç vers l’Allemagne.
Le journaliste kurde Serdar Karakoç, basé aux Pays-Bas, avait été arrêté le 23 mai à la demande de l’Allemagne en vertu de l’article 129b. La décision d’extradition de Serdar Karakoç vers l’Allemagne a été prise suite à l’audience du 24 juillet dernier.
Le tribunal a rejeté toutes les objections formulées par les avocats.
Serdar Karakoç est un Kurde alévi né à Dersim en 1960. Il travaille comme journaliste dans la tradition de la presse kurde libre depuis les années 1980. Au début des années 1990, il était responsable du bureau d’Izmir du journal Özgür Gündem, interdit par la suite en Turquie, puis de la rédaction d’Istanbul. Lorsque le Premier ministre de l’époque, Tansu Çiller, fit exploser la rédaction d’Özgür Ülke, successeur d’Özgür Gündem, le 3 décembre 1994, Karakoç fut l’un des rares professionnels des médias à ne pas avoir été blessé lors de l’attentat ordonné par l’État. Il a quitté la Turquie en 2001 pour échapper aux persécutions et vit depuis aux Pays-Bas en tant que réfugié reconnu.
« L’Allemagne a émis un mandat d’arrêt international contre moi après sept ans. Cette affaire est purement politique et vise à protéger les intérêts de l’État turc. L’approche de l’Allemagne sur la question kurde est encore plus oppressive que celle de la Turquie, criminalisant davantage la population kurde et faisant obstacle à une solution », avait déclaré Karakoç avant son procès du 24 juillet.
Le 14 juin, il avait été libéré sous condition contre une caution de 5 000 euros, mais son passeport lui a été confisqué.
Karakoç, un citoyen kurde de Turquie, s’est exilé en Europe après 20 ans de reportage pour la presse libre kurde sous une violente répression étatique, ayant notamment survécu à un attentat à la bombe contre le journal Özgür Ülke et à plusieurs années d’emprisonnement.
Karakoç a critiqué la gestion de la question kurde par le gouvernement turc : « L’État turc a traité la question kurde par le déni et une politique de génocide. L’identité et la langue kurdes ont été réprimées et les droits fondamentaux du peuple kurde ont été interdits. En 2015-2016, les villes kurdes ont été dévastées, entraînant des milliers de morts et le déplacement de centaines de milliers de personnes. La pression politique sur le mouvement kurde s’est intensifiée, les maires du HDP ayant été remplacés par des administrateurs nommés par l’État. Des violations des droits de l’homme ont eu lieu, notamment l’utilisation d’armes chimiques lors d’opérations au Rojava et au Basûrê Kurdistan (Kurdistan irakien) ».
Alors que Karakoç était en attente d’une procédure d’extradition aux Pays-Bas, à la demande de l’Allemagne, 122 professionnels des médias avaient publié un communiqué de presse commun exigeant sa libération. Karakoç avait auparavant obtenu l’asile politique auprès des autorités néerlandaises.