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Comment les Kurdes ont été effacés de l’histoire : rectifions un peu !

Les puissants construisent l’histoire à l’avantage de leurs propres nations, remplie de mensonges et d’exagérations. Ils bâtissent également l’avenir sur cette version de l’histoire qu’ils ont fabriquée.

Pourtant, les civilisations sont censées avoir commencé en Mésopotamie, entre les fleuves Tigre et Euphrate. Sur les terres où les Kurdes vivent depuis des millénaires, une histoire a été écrite pour tout le monde sauf pour les Kurdes.

Les premiers prophètes sont apparus ici, les premières religions ont émergé ici, les premiers royaumes ont été établis ici, la révolution agricole a eu lieu ici, et les dernières découvertes montrent que la civilisation est apparue bien plus tôt à Göbeklitepe, encore une fois au Kurdistan. Tout se trouve sur la terre des Kurdes, mais les Kurdes eux-mêmes sont absents. Quelle science peut expliquer cela ?

Les Kurdes sont au cœur de l’histoire, mais ils n’existent pas !

Ceux qui veulent vraiment comprendre l’histoire devront comprendre les Kurdes. Il n’y a pas d’autre moyen. Si une réponse correcte est donnée à cette question fondamentale, la vérité peut être atteinte : Comment avez-vous effacé les Kurdes d’une histoire vieille de milliers d’années ? Les archéologues et les États n’ont pas réussi à attribuer de nombreuses civilisations à un peuple en particulier dans l’histoire. En réalité, ils ont beaucoup travaillé pour ne pas dire qui étaient leurs ancêtres. Pourtant, des Gutis Kassites, des Hourrites aux Mitanniens et aux Mèdes, les Kurdes revendiquent ces premières civilisations. Parmi eux, il y a aussi les Urartéens. Les Arméniens revendiquent également les Urartéens. Mais la langue des Urartéens est apparentée à celle des Hourrites. Vladimir Fiodorovitch Minorski considère aussi les Urartéens comme les ancêtres des Kurdes.

L’Iranien Ali Shariati, dans son ouvrage « Civilisation et Modernisation », dit : « C’est surprenant. L’Occident ne parle jamais de la région entre les deux fleuves (Mésopotamie). Parce que s’ils en parlaient, toutes leurs théories s’effondreraient. La région entre les deux fleuves est le berceau de la civilisation et de la culture. Les Kurdes sont au cœur de cette région. »

Examinons maintenant quelques idées concernant les Kurdes, dont les traces ont été systématiquement effacées depuis des siècles par les puissances régionales et mondiales :

Religion et philosophie 

Noé ou Nuh 

Nuh signifie « nouveau » en kurde. Il est accepté comme un deuxième Adam en raison de son association avec le déluge. Sans entrer dans la question de savoir s’il a réellement existé ou non, il est important de souligner que s’il a existé, il a vécu sur les terres kurdes. On prétend que l’arche, si elle existe, a fini son voyage sur le mont Cudi. En kurde, « Cu-Ci » signifie « lieu-terre” et Di signifie “vue ». En d’autres termes, cela signifie « terre vue ».

Dans son œuvre « Seyahâtname », Evliya Çelebi, le plus célèbre voyageur de l’Empire ottoman, raconte que les trois premières villes établies après le Déluge de Noé étaient Şehr-i Nûh (Şırnak), Cezira Botan (Cizre) et Miya Farqîn (Silvan). Il note même que l’histoire de l’humanité a commencé au Kurdistan. Aujourd’hui, seule Şehr-i Nuh est devenue Şirnex en kurde, Şırnak en turc, tandis que Cizira Botan et Farqîn restent les mêmes. Le mont Cudi se trouve dans la province de Şirnex (Şehr-i Nûh). Le nom de Şirnak aurait été donné par les Arméniens, qui signifierait « Ville de l’Arche ». Les revendications selon lesquelles l’arche se serait posée sur le mont Ararat sont exprimées à des fins politiques, selon certaines sources. Les Arméniens revendiquent aussi Noé et le considèrent comme arménien.

Zoroastrisme ou Zerdusht

La religion des Kurdes avant l’Islam, le Christianisme et le Judaïsme était le Zoroastrisme. Aujourd’hui, les Yézidis, mais aussi les Alévis kurdes portent encore des traces de la foi zoroastrienne. Zoroastre a vécu entre 660 et 583 avant J.-C. Hérodote le décrit également comme appartenant à l’Empire mède, ancêtres des Kurdes. Son livre est le Zend Avesta, principalement écrit en dialecte zazaki du kurde.

Abraham ou Birahim

Son lieu de naissance est l’actuelle ville kurde de Riha (Urfa). Les Kurdes l’appellent Brahim. Son nom dérive de « Bira » (frère) et « Him » (pierre-roche) en kurde. Il n’apparaît donc ni comme un nom arabe ni hébraïque. Le nom de son père est Azer, qui est également un nom kurde. Le nom de son épouse, Sara, vient de « Sar » (froid.e) en kurde. On dit que le nom de sa mère était Tilli, ce qui signifie « doigt » en kurde. Il n’y a pas de trace d’autres peuples vivant dans la région de Riha en dehors des Kurdes. Les Mitanniens, qui dominaient autrefois la région, sont également considérés comme les ancêtres des Kurdes. En résumé, ces noms, apparus dans la région kurde, sont revendiqués par tout le monde. Et, curieusement, seuls les Kurdes n’ont pas eu le droit de les revendiquer.

Manichéisme

Mani serait originaire de Mardin selon certaines sources. Il est né à l’époque babylonienne. Les Kurdes étaient également connus sous le nom de Mard dans l’histoire. Le Manichéisme est une religion fondée au IIIe siècle avant J.-C. Le père de Mani est également considéré comme un Kurde mèdien. Les chercheurs peuvent étudier cela de manière objective, en s’écartant de l’histoire officielle.

La première épopée écrite : Gilgamesh

Certains prétendent que Gilgamesh (2100-2000 av. J.-C.), considéré comme la première épopée écrite, était kurde. Les vastes forêts de cèdres mentionnées dans l’épopée seraient situées dans les montagnes du Zagros selon certains historiens. Les montagnes du Zagros ont été le foyer des Kurdes de l’histoire à nos jours. Le mot « Gilgamesh » se compose de deux mots : « gil » et « gamesh ». « Kil » / « Zil » / « Zal » signifie « puissant » en kurde, et « gamesh » signifie « buffle » ou « taureau ». Aujourd’hui encore, « ga » signifie « bœuf » en kurde. Phonétiquement, toutes les parties du nom trouvent leur équivalent en kurde. De nombreux noms en sumérien seraient également similaires à ceux du kurde.

Civilisations

Les Gutis (Gurti, Kuti ou Kurti), Kassites, Hourrites, Mitanniens, Urartéens et Mèdes sont considérés comme les ancêtres des Kurdes. Les historiens occidentaux et des États de la région évitent de dire à quel peuple ils appartenaient. Les Gutis vivaient à la même époque que les Sumériens et utilisaient l’écriture cunéiforme avec eux. Les Kassites, qui auraient été fondés par le peuple Guti, ont occupé entièrement Babylone, par exemple. Certains historiens pensent que les Kassites et les Mitanniens étaient du même peuple. Les Mèdes sont un empire qui a détruit le cruel royaume assyrien de l’époque.

Quelques personnages

Dans l’histoire post-chrétienne, les Kurdes ont maintenu leur existence à chaque époque sous forme de principautés et de royaumes.

En outre, dans les profondeurs de l’histoire, des commandants militaires comme Saladin, des botanistes-mathématiciens-astronomes et historiens célèbres comme Ābu Ḥanīfah Āḥmad ibn Dawūd Dīnawārī (820, Kermanshah – 896, Dinavar), ainsi que des écrivains et philosophes comme Ehmedê Xanî ou Ahmed Khani (1650-1707) étaient kurdes.

Une histoire systématiquement effacée

Cependant, à un moment donné de l’histoire, les traces des Kurdes ont commencé à être systématiquement effacées. Avant même la formation des États-nations, toutes les principautés kurdes ont été progressivement éliminées. Avec la fondation de l’État turc, ils ont été complètement niés. Si l’on veut écrire une histoire véritable, il faut se pencher sur les Kurdes, leur langue maternelle, le kurde, et leurs valeurs culturelles issues des profondeurs de l’histoire.

Par Maxime Azadî