PARIS – Lors du concert final du Festival culturel kurde de Paris au Cirque d’Hiver, le groupe légendaire « Koma Amed » s’est réuni pour la première fois, 27 ans après la dissolution du groupe.
Le 3e Festival culturel kurde de Paris (Festivala çanda Kurd a Parîsê) s’est achevé samedi par un concert de Deza Amed, Chopy et le groupe Koma Amed au Cirque d’Hiver. L concert final des festivités d’une semaine de festival a suscité un grand intérêt et a enchanté le public. Le festival était organisé par le Conseil Démocratique Kurde de France (CDK-F) en collaboration avec l’Institut de Réflexion et d’Études sur le Kurdistan (IREK), l’association Arts et Culture du Kurdistan (ACK), l’association France-Kurdistan et la Fondation Danielle Mitterrand.
Le concert a débuté par une minute de silence en l’honneur des martyrs de la révolution du Kurdistan, en particulier Evdilmelik Şêxbekir (surnommé Melek), l’un des fondateurs de Koma Amed originaire du Rojava, tombé martyr cinq mois après avoir rejoint les rangs du PKK en septembre 1991.
La dernière soirée du festival a été marquée par des moments forts de la musique kurde qui ont offert au public un moment unique.
Koma Amed
Fondé à Ankara en 1988 par un groupe d’étudiants majoritairement issus de la faculté de médecine, Koma Amed émerge durant une période vibrante mais tumultueuse pour le peuple kurde. Dans un contexte où la culture kurde et sa langue étaient sévèrement réprimées, le groupe ne pouvait exprimer sa musique qu’à travers de rares rassemblements. Malgré ces défis, Koma Amed a enregistré son premier album, Kulîlka Azadî, en 1990. Cet album, gravé en une seule journée sous des conditions extrêmes, comprend notamment une version kurde de l’hymne international « Bella Ciao » (Çaw Bella). À travers des copies clandestines, l’album a atteint un large public, marquant plusieurs premières pour la communauté kurde.
En 1993, le groupe déménage à Istanbul et se joint au Centre culturel de Mésopotamie (MKM), le premier centre culturel et artistique kurde de la ville. Koma Amed continue de se faire un nom en tant que pionnier de la musique de groupe kurde, et sort son deuxième album, Agir û Mirov, en 1995. Les membres du groupe, incapables de se produire au Kurdistan, ont toutefois tourné à travers la Turquie et l’Europe.
Leur tournée de 1996, sponsorisée par le Parti communiste italien, a marqué une autre première historique, exposant la musique kurde à travers de nombreuses villes italiennes. L’esprit politique d’émancipation et de résistance infuse leurs compositions, qui puisent aussi dans la musique traditionnelle kurde et la littérature orale.
Leur troisième album, Dergûş (1997), a été un tournant majeur. L’album a transcendé les frontières locales pour toucher une audience mondiale, grâce à une approche novatrice de la musique folklorique traditionnelle kurde. L’impact de Dergûş fut tel que le ministre des affaires étrangères de l’époque a utilisé l’album pour souligner la présence kurde en Turquie auprès des ministres de l’Union européenne.
Cependant, la pression politique a contraint de nombreux membres à demander l’asile, dispersant le groupe dans divers pays. Un facteur qui, combiné avec leur installation à Paris, a mené à une désintégration temporaire. En 2015, exactement 27 ans après leur formation, Koma Amed s’est retrouvé à Paris pour interpréter de nouveau leurs chansons emblématiques, confirmant leur héritage durable dans la musique kurde.