SYRIE / ROJAVA – Après de récentes attaques contre des centrales électriques du Rojava, la Turquie utilise ses mercenaires syriens pour incendier les champs agricoles de la région afin de dépeupler la zone sous le contrôle des forces arabo-kurdes. « Rise Up for Rojava » (R4R), un réseau international d’activistes soutenant le Rojava, a publié une déclaration concernant les récents développements dans la région.
La Turquie a tiré plus de 200 obus d’artillerie sur le nord et l’est de la Syrie rien que le 23 mai, selon un rapport basé sur des témoignages et des sources locales de Rise Up for Rojava (R4R), un réseau international d’activistes soutenant l’administration autonome de la région.
Ces attaques visaient non seulement des zones civiles, mais incluaient également un autre acte considéré comme un crime de guerre au regard du droit international : le ciblage délibéré de terres agricoles.
Tout au long du mois de mai, selon les informations recueillies par R4R, la Turquie et ses forces alliées ont bombardé plus de 30 sites. R4R affirme que ces attaques visaient spécifiquement à détruire des terres agricoles. Au moins 500 hectares de cultures et 18 000 oliviers ont été détruits, un coup dévastateur pour une région qui dépend fortement de la production agricole. En réponse, la population locale est en état d’alerte. Les Forces de défense civile (HPC), composées de milices, ont mis en place des points d’observation pour surveiller les incendies dans les zones agricoles. Selon R4R, ces points d’observation sont nécessaires car la Turquie et les groupes armés qu’elle soutient ont incendié les terres agricoles situées le long des lignes de front. L’incendie des champs près du village de Zarghan dans le canton de Hesekê (Al Hasakah) est cité par R4R comme l’œuvre de groupes soutenus par la Turquie.
R4R interprète ces développements comme les efforts de la Turquie pour déstabiliser l’Administration autonome du nord et de l’est de la Syrie (AANES) avant les élections du 11 juin, spéculant que la Turquie pourrait tenter de saboter le processus. Devlet Bahçeli, le chef du Parti du mouvement nationaliste (MHP), principal allié d’Erdoğan, a appelé le gouvernement d’Erdoğan à collaborer avec Bachar al-Assad contre les Unités de défense du peuple (YPG). Cet appel pourrait être influencé par les récentes déclarations d’Assad ouvrant la porte au dialogue.
Rien n’indique encore clairement qu’Erdoğan prévoit une attaque majeure contre les régions autonomes avant l’été 2024. Toutefois, les déclarations positives de Bachar al-Assad quant à la fixation d’une date pour une résolution politique pourraient ouvrir la porte à un dialogue de facto avec les AANES. Cette possibilité de solution politique pourrait pousser Erdoğan à faire plus que simplement déstabiliser la région.
En mai 2023, la Turquie a quitté une réunion quadripartite à Moscou sans atteindre ses objectifs et a décidé d’accélérer ses projets d’établissement d’une zone tampon. La condition imposée par Ankara pour entamer un processus de résolution politique avec Damas était la dissolution de l’AANES sous la direction conjointe de la Turquie et de la Syrie. Cependant, cette proposition n’a pas été accueillie favorablement par Damas. En conséquence, le gouvernement d’Erdoğan a choisi d’intensifier ses attaques pour déstabiliser la région. Au cours de l’année écoulée, les forces armées turques ont été responsables de la mort de civils en Syrie et dans la région du Kurdistan irakien, dues à des frappes de drones.
En octobre, l’administration Erdoğan a vu dans les troubles dans la ville de Deir ez-Zor une opportunité de faire avancer ses projets de zones tampons. Le gouvernement, par l’intermédiaire des médias officiels et des médias pro-gouvernementaux, a maintenu les troubles sous les projecteurs pour aggraver le conflit. (Medya News)