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RSF : Le nouveau « projet de loi sur l’espionnage » turc menace les médias soutenus par des fonds internationaux

LIBERTÉ DE LA PRESSE. Le gouvernement turc s’apprête à introduire un « projet de loi sur l’espionnage » ciblant les « opérations d’influence » dans le but de faire taire les médias, notamment la presse kurde, menaçant d’avantage la pluralité des médias du pays dominés par une presse étroitement lié au pouvoir. Reporters sans frontières (RSF) dénonce ce nouveau projet qui menace les médias soutenus par des fonds internationaux.
 
L’ONG RSF exhorte le gouvernement turc à abandonner son projet d’amendement sur les « agents d’influence » en vertu duquel les journalistes travaillant pour des médias financés à l’échelle internationale pourraient être emprisonnés. Une telle législation mettrait en danger le journalisme indépendant, affirme RSF.
 

L’organisation a averti que les journalistes travaillant pour des médias financés par des organisations internationales pourraient être emprisonnés en vertu de cette loi, mettant ainsi en danger les activités des médias indépendants. RSF a appelé la Turquie à retirer cette disposition.

« Vague et formulé de manière large »

Erol Önderoğlu, représentant de RSF en Turquie, a déclaré dans un communiqué que : « Compte tenu des pratiques judiciaires répressives bien connues en Turquie, nous craignons que cet amendement au Code pénal turc ne menace d’emprisonnement les journalistes travaillant pour des médias soutenus par des fonds internationaux. Malheureusement, cette disposition offre aucune garantie pour empêcher les abus judiciaires. Si cette loi vague et rédigée en termes généraux est adoptée par le parlement, tout journaliste qui déplaît aux autorités pourrait facilement être pris pour cible en tant qu’agent d’influence soutenant prétendument les intérêts d’un pays étranger ».

Le paysage médiatique turc est largement dominé par des conglomérats médiatiques étroitement liés au gouvernement. Dans cet environnement, les fonds internationaux jouent un rôle en soutenant les médias qui ne sont pas alignés sur le bloc au pouvoir ou sur le principal parti d’opposition, même si ces médias ne disposent pas des ressources financières et du capital humain des grandes entités médiatiques.

RSF a également fait référence à la « loi sur la désinformation » entrée en vigueur en octobre 2022 dans son communiqué. Notant que cette loi a été utilisée contre plus de 30 journalistes en 18 mois, RSF s’inquiète : « Accuser les journalistes d’être des agents d’influence risque d’affaiblir encore davantage la pratique d’un journalisme libre, pluraliste et indépendant en Turquie. »

La Turquie se classe 158e sur 180 pays au Classement mondial de la liberté de la presse 2024 établi par RSF. Ce classement, en amélioration de sept places par rapport au 165e rang de 2023, ne signifie pas une évolution positive en matière de liberté des médias mais indique que la Turquie reste dans la catégorie « très grave » pour les questions de liberté de la presse. (Bianet)