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TURQUIE. Accusations de viols et de toxicomanie au centre de rétention de Balıkesir

TURQUIE – Un nouveau rapport a mis en lumière le centre de rétention d’Ayvacık à Balıkesir, dans le nord-ouest de la Turquie, soulevant des inquiétudes quant aux mauvais traitements infligés aux détenus au sein de cet établissement, qui impliquerait des viols et de toxicomanie.

 

Hier, lors d’une conférence de presse, l’éminente avocate kurde, Eren Keskin dénonçait de son côté la culture d’impunité en matière de torture dans les prisons de Turquie, en particulier contre les prisonniers politiques et les minorités, comme le détaille le rapport sur les violations des droits dans les prisons 2022-2023. Keskin a souligné la nécessité de réformes systémiques et du respect des normes internationales en matière de droits humains.

Le rapport, compilé par la Chambre médicale de Çanakkale, l’Association des droits de l’homme (İHD), le Syndicat des travailleurs de l’éducation et des sciences (Eğitim Sen) et le Syndicat des travailleurs de la santé et des services sociaux (SES), couvre les observations de mars 2023 à mars 2024.

Le document détaille les allégations de viol, de toxicomanie et de corruption au sein du centre. Il comprend un témoignage du 21 juillet 2023, dans lequel une femme affirmait que son mari, détenu au centre, vivait dans des conditions déplorables. Elle a rapporté que des groupes d’hommes violaient d’autres hommes et que des femmes étaient contraintes à consommer de la drogue. La femme a exprimé ses craintes pour la sécurité de son mari, notamment lorsqu’il utilise les toilettes communes en raison du risque d’agression sexuelle.

D’autres plaintes soulignées dans le rapport incluent des menaces et des pots-de-vin de la part de l’ancien directeur du centre, qui aurait exigé 100 000 livres turques pour libérer les détenus. Le rapport mentionne également une femme réfugiée qui a contacté la commission le 15 septembre 2023, invoquant des conditions de vie insalubres et une cohabitation forcée avec des hommes. Suite à ses plaintes, elle aurait été expulsée le 21 septembre 2023.

Manque de produits de première nécessité

Le rapport souligne également d’autres problèmes au sein du centre de rétention, notamment des allégations selon lesquelles des détenus seraient victimes de discours de haine de la part de membres du personnel, des soins médicaux inadéquats et un manque de produits de première nécessité tels que des couvertures et de l’eau potable. De plus, la nourriture fournie serait minime et se composerait souvent uniquement de pain et de fromage.

En réponse à ces allégations, les groupes ont formulé des recommandations pour une action immédiate. Il s’agit notamment d’ouvrir les centres de renvoi à des organisations indépendantes de la société civile pour qu’elles les supervisent, d’améliorer les conditions de vie pour répondre aux besoins saisonniers, de garantir une alimentation adéquate et de l’eau potable, de respecter la vie privée des individus lors des examens médicaux et d’établir un cadre juridique pour répondre aux allégations de torture et d’abus sexuels, et la corruption.

Le rapport appelle les ministères et institutions concernés à prendre des mesures contre les violations et les obstacles à l’accès aux soins de santé signalés dans tous les centres de renvoi.