ISTANBUL – Aujourd’hui, les mères du Samedi qui se rassemblent chaque semaine sur la place Galatasaray, à Istanbul, pour s’enquérir du sort de leurs proches disparus et assassinés en détention et pour exiger que les auteurs soient poursuivis, ont demandé ce qui est arrivé à Nurettin Yedigöl, un jeune socialiste kurde porté disparu à Istanbul après avoir été arrêté par des policiers le 10 avril 1981.
L’action des mères du Samedi de cette semaine a porté sur le sort de Nurettin Yedigöl, arrêté et disparu lors de la perquisition de sa maison à Istanbul Idealtepe le 10 avril 1981. Le représentant de la Fondation turque des droits de l’homme (TIHV) Istanbul, Ümit Efe, a déclaré qu’il incombe aux autorités judiciaires de poursuivre les auteurs des actes commis.
Ümit Efe a rapporté qu’un mandat d’arrêt avait été émis contre Nurettin Yedigöl, juste après le coup d’État militaire du 12 septembre et qu’il avait été porté disparu après son arrestation par des policiers. Efe a déclaré : « Il a été emmené au département de police de Gayrettepe, le célèbre centre de torture de l’époque. Il a été interrogé par le groupe K, qui a reçu une formation en torture au Honduras dans la 1ère branche sous la direction de Tayyar Sever. Parce qu’il a refusé de parler, il a été soumis aux tortures les plus cruelles de la part de l’équipe de torture dirigée par Mete Altan. Lorsqu’il a été vu pour la dernière fois [au centre de torture], il était couvert de sang, incapable de parler et inconscient. Personne n’a revu Yedigöl depuis ce jour ».
Qui est Nurettin Yedigöl?
Nurettin Yedigöl est né dans la province kurde d’Erzincan en 1954. En 1974, il est parti à Istanbul pour étudier à la Faculté de gestion. Il était cadre de l’Association des lycéens d’Istanbul (İYÖD) en 1976-77. Il rejoint ensuite l’Unité de propagande armée marxiste-léniniste (MLSPB).
Le 12 avril 1981, il fut arrêté par des policiers qui l’attendait dans la maison d’étudiants dont les autres membres avaient été arrêtés la veille. Après des jours de torture, il a été tué et son corps porté disparu à jamais. La police turque a nié avoir arrêté Yedigöl qui fait partie des milliers de civils tués par les paramilitaires dans les années 1990 et dont les corps ont été éliminés.
Depuis près de 29 ans, les mères du samedi s’arment d’œillets contre la police turque
Mères du Samedi est un groupe de militants qui cherchent à connaître le sort de leurs proches disparus en garde à vue dans les années 1980 et 1990 et exigent des comptes pour ces disparitions.
En mai 1995, les Mères du Samedi (en kurde: Dayikên Şemiyê, en turc: Cumartesi Anneleri) descendaient pour la première fois sur la place Galatasaray, à Istanbul, pour exiger la fin des disparitions forcées et demander qu’on leur rende leurs proches portés disparus.
Les « mères du samedi » reproche l’État turc de ne pas avoir enquêté sérieusement pour établir la vérité sur ceux qui ont disparu après leur mise en détention par les autorités turques.
Selon l’Association des droits de l’Homme (IHD), entre 1992 et 1996, 792 disparitions forcés et meurtres (de journalistes, syndicalistes, médecins, enseignants, enfants ou simples paysans) par l’État ont été signalés dans les régions kurdes de Turquie.