BRUXELLES – La nuit dernière, environ 200 policiers belges ont perquisitionné les bureaux des télés kurdes, StêrkTV et Medya Haber (Medya News) à Denderleeuw (Flandre orientale). La police a confisqué des ordinateurs et du matériel technique, coupé les câbles de diffusion et saccagé certains équipements. Il s’agirait d’une perquisitions menées dans le cadre d’une enquête sur le « financement du terrorisme » diligentée par le parquet national antiterroriste français. Les organisations kurdes d’Europes qui dénoncent l’attaque des télés kurdes ont appelé les autorités belges à « empêcher l’État turc d’exporter son conflit kurde en Belgique ».
Ce raid a eu lieu quelques heures après la visite du président turc Erdoğan, en Irak et au Kurdistan irakien. Les militants kurdes accusent les autorités belges de vouloir réduire en silence la voix du peuple kurde en pleine guerre turque au Kurdistan, sans oublier qu’en mars dernier, les Loups Gris turcs de Belgique avaient attaqué les Kurdes en pleine célébrations du Newroz (Nouvel-an kurde). « Il ne s’agit pas d’une lutte contre le terrorisme, mais contre un peuple », écrit la doctoresse et ancienne élue kurde Dersim Dağdeviren sur X (ancien Twitter).
« L’attaque contre les chaînes de télévision kurdes, menée par la police fédérale belge, a eu lieu sans notification préalable à nos avocats et aux responsables de l’entreprise. Tard dans la nuit, alors que personne ne se trouvait dans le bâtiment, la police est entrée de force dans les bureaux, détruisant les outils de diffusion et le matériel de presse, notamment les ordinateurs. Nous condamnons cette attaque illégale et antidémocratique, qui a visé nos institutions de médias libres, qui représentent la voix du peuple kurde. Le moment de ce raid, coïncidant avec la Journée du journalisme kurde et le 126e anniversaire des médias kurdes, est particulièrement significatif, car il marque la poursuite des attaques organisées contre la presse kurde – en particulier depuis que la police turque a perquisitionné les domiciles des journalistes kurdes en Turquie à l’époque. en même temps », ont déclaré les employés de Sterk et Medya News TV dans un communiqué de presse au sujet de l’opération de police contre la presse kurde.
Les employés de Stêrk TV et Medya Haber TV, qui devaient célebrer aujourd’hui la journée de la presse kurde, ont réagi à l’intervention de la police dans leurs studios.
Stêrk et le comité consultatif de Medya News TV ont fait une déclaration concernant le raid policiers dans leurs studios en Belgique.
Dans le communiqué, il est indiqué que la Turquie a récemment tenté de « mettre en œuvre le concept qu’elle a créé concernant le génocide kurde ».
Le communiqué poursuit « Les visites de la Turquie aux États-Unis, en Turquie, en Irak et en Iran, les accords conclus avec le PDK et la visite du président turc Erdoğan en Irak et aux Barzanis [dirigeants du Kurdistan irakien] sont les dernières tentatives pour mettre en œuvre ce concept de génocide. L’attaque contre Metina [une des régions où sont basés les combattants du PKK] constitue la dimension militaire de ce génocide.
Il est certain que ce concept est un concept d’attaque internationale. Le raid sur les studios Medya Haber et Stêrk TV en Belgique vers 2 heures du soir le 23 avril en est la preuve la plus concrète. Nos [studios] sont actuellement occupés par des centaines de policiers. Il ne nous est pas possible de garder le silence face à ce raid visant à faire taire la voix du peuple kurde. Nous appelons notre peuple à affluer vers les chaînes de télévision pour mettre fin à ce raid illégal. »
9 journalistes kurdes arrêtés à Ankara et Istanbul
Ce matin, des raids policiers ont ciblé des travailleurs de la presse libre à Istanbul, Ankara et Urfa. Mehmet Aslan, journaliste de l’agence kurde, Mezopotamya (MA), a été arrêté lors de perquisitions à Ankara.
Lors des perquisitions à Istanbul, le journaliste de Yeni Özgür Politika, Erdoğan Alayumat, la journaliste du MA Esra Solin Dal, Enes Sezgin du journal Yeni Yaşam et les journalistes Saliha Aras, Yeşim Alıcı, Beste Argat Balcı et Şirin Ermiş ont été arrêtés. Le journaliste Doğan Kaynak a été arrêté dans la province kurde d’Urfa (Riha).
Sterk TV, ou la télé en exil d’un peuple en lutte
STERK TV avait pris la suite de ROJ TV en 2012, elle–même créée en remplacement de Medya TV, empêchée d’émettre en 2004 et qui avait, pour les mêmes raisons, pris le relais en 1999 de MED TV, créée en 1994. « Dix-huit années de luttes, trois interdictions, des studios à Bruxelles saccagés le 4 mars 2010 par la police belge (…), des dizaines d’arrestations, des millions d’euros d’amendes, des emprisonnements (…), rien, ni personne ne peut arrêter la voix des Kurdes », écrivait André Métayer en février 2012, suite à la fermeture de l’espace satellitaire à ROJ TV, la télévision kurde en exil suite à l’intervention du gouvernement français et du Département d’Etat américain.