Suite à l’attaque menée le mois dernier par la branche Khorasan de l’Etat islamique (DAECH/ISIS-H) en Russie, au cours de laquelle plus de 130 personnes ont perdu la vie, tous les regards en Allemagne se sont tournés vers les revenants qui avaient rejoint des organisations islamistes radicales en Syrie et en Irak.
Selon la réponse du gouvernement allemand à une question parlementaire posée par le parti d’extrême droite Alternative pour l’Allemagne (AfD), depuis 2011, 1 150 personnes ont quitté l’Allemagne pour rejoindre les organisations islamistes radicales telles qu’Al-Qaïda et DAECH en Syrie et en Irak. Dans la réponse, il est indiqué que 65% de ces personnes sont impliquées dans des activités terroristes ou soutiennent l’Etat islamique, Al-Qaïda et des organisations proches de ces groupes.
Selon les conclusions du gouvernement, les départs d’Allemagne vers ces régions pour rejoindre des organisations terroristes islamistes radicales ont augmenté entre 2013 et 2015. Sur les 1 150 personnes identifiées comme étant parties, 650 sont des citoyens allemands. Les archives indiquent que 273 d’entre eux ont la double nationalité. Le nombre de personnes possédant à la fois la nationalité allemande et turque est de 35.
153 des 1 150 personnes qui se sont rendues en Syrie et en Irak sont des citoyens turcs. Ainsi, parmi ceux qui ont quitté l’Allemagne, les citoyens turcs constituaient le deuxième groupe en importance après les Allemands. Ce groupe était suivi par les citoyens syriens avec 85 et les citoyens russes avec 55.
Selon les constatations des autorités allemandes, les départs vers la Syrie et l’Irak ont considérablement diminué depuis 2019.
40% de revenants
40% de jihadistes qui sont allés en Syrie et en Irak depuis l’Allemagne, soit environ 460, sont rentrés dans le pays. Plus de 30 d’entre eux auraient quitté le pays en étant expulsés ou volontairement. Sur les 460 de jihadistes qui sont retournés en Allemagne, 307 étaient des ressortissants allemands, 44 étaient des Turcs, 30 étaient des Syriens et 21 étaient Russes.
Le nombre d’enquêtes ouvertes en Allemagne contre ceux qui ont rejoint une organisation islamiste radicale en Syrie et en Irak et y sont retournés s’élevait à 312 fin 2023. La plupart d’entre eux sont accusés « d’être membre d’une organisation terroriste étrangère, de mener des activités pour son compte et/ou de préparer un acte de violence contre l’État » en lien avec les articles 129a et 89a du code pénal allemand.
Selon les informations fournies par le gouvernement allemand, 111 personnes faisant l’objet d’une enquête ont été condamnées et les poursuites judiciaires contre 119 d’entre elles sont en cours. Une décision de non-lieu a été rendue contre 122 personnes.
25% des jihadistes partis d’Allemagne étaient des femmes
On signale 25% de ceux partis d’Allemagne vers la Syrie et l’Irak et qui ont rejoint les organisations islamistes radicales étaient des femmes, dont de nombreuses Turque. Des nouvelles selon lesquelles les femmes au sein de l’État islamique jouaient un rôle dans le financement de l’organisation et dans le recrutement de nouveaux membres féminins sont apparues dans les années où la participation était à un niveau élevé. Cet aspect est également revenu au premier plan dans les affaires entendues en Allemagne.
Dans une affaire conclue le mois dernier à Düsseldorf, le citoyen allemand d’origine turque Alperen K. et son épouse turque Çağla K. ont été condamnés à 1 an 9 mois et 1 an et 3 mois de prison avec sursis pour avoir fourni environ 3 700 euros d’aide financière à l’Etat islamique en 2020-2021. Le tribunal a reporté les peines d’Alperen K. et de son épouse Çağla K. au motif qu’ils n’avaient pas de casier judiciaire et vivaient en harmonie avec la société. Le couple, qui a avoué leur crime, a déclaré pour sa défense qu’ils « avaient fourni une aide humanitaire aux femmes et aux enfants de l’EI détenus dans les camps kurdes ». (Article de DW Türkçe)