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TURQUIE. Report de la décision dans l’affaire Kobané

TURQUIE – Plus de 100 personnalités politiques kurdes, dont 18 sont emprisonnés depuis 2016, sont poursuivis par la justice turque dans l’affaire Kobanê. On leur reproche d’avoir organisé des manifestations de solidarité (qui ont été ensanglantées) au Kurdistan turc et en Turquie pour Kobanê alors que la ville était encerclée par DAECH et qu’Erdogan se frottait les mains en espérant une victoire des terroristes islamistes. Ils sont tenus responsables des meurtres de civils qui ont eu lieu en marge des manifestations pacifiques pro-Kobanê.
 
Verdict reporté

 

Les partisans du mouvement kurde attendaient demain une décision dans le procès historique de Kobané. Mais la nouvelle vient d’arriver : le verdict, attendu le 17 avril, a été reporté. Le procès, qui se déroule dans la ville d’Ankara, a décidé de la poursuite de détention les coprésidents du Parti démocratique du peuple (HDP), Figen Yüksekdağ et Selahattin Demirtaş, en prison pendant plus de sept ans dans l’attente d’un verdict. Au total, 18 des 108 accusés sont toujours détenus.
 
 
Le Parti de l’égalité des peuples et de la démocratie (DEM), dirigé par les Kurdes, avait lancé un appel à la solidarité la semaine dernière, avant le verdict prévu à Ankara.
 
108 hommes politiques kurdes sont jugés pour avoir prétendument incité aux troubles en 2014, qui ont éclaté contre l’incapacité du gouvernement turc à répondre au siège de Kobané par l’EI. L’accusation s’est penchée sur des tweets envoyés aux partisans du HDP appelant à la solidarité.
 
Une série de manifestations s’ensuit en soutien aux habitants de Kobané. Les tensions se sont accrues après que le Premier ministre de l’époque, Recep Tayyip Erdoğan, a annoncé publiquement que « Kobané est sur le point de tomber ». Plusieurs décès sont survenus en raison de la violence dans les rues. Toutefois, la majorité des 48 personnes tuées étaient des partisans du HDP.
 
Les poursuites contre les 108 personnalités politiques ont été dénoncées comme une attaque politique contre le HDP et comme faisant partie d’une stratégie de l’État visant à fermer le parti . Demirtaş a résumé le ridicule des accusations lors de son témoignage en janvier 2024. Il a déclaré au tribunal que « nos efforts pour l’éradication de la violence et des traumatismes sont qualifiés de terrorisme ».
 
Les accusations portées contre les accusés incluent « pillage », « meurtre », « incendie de drapeaux », « blessure d’un agent public avec une arme à feu » et « perturbation de l’unité nationale et de l’intégrité du pays ». Les accusés risquent plusieurs peines de réclusion à perpétuité aggravée.
 
Öztürk Türkdoğan, co-porte-parole de la Commission des lois, a déclaré à ses partisans que la défense avait été informée par le greffier du tribunal que le verdict n’aurait pas lieu le 17 avril. Mais qu’un « examen des détenus » aurait lieu à la place.
 
Selon Türkdoğan, la défense se présentera au tribunal demain comme prévu et exigera la libération des prisonniers restants. Il a spécifiquement souligné la nécessité urgente de libérer l’ancienne co-maire de la municipalité métropolitaine de Diyarbakır (Amed), Gültan Kışanak, et l’ancien coprésident du Parti des régions démocratiques (DBP), Sebahat Tuncel.
 
Kışanak et Tuncel sont toutes deux emprisonnées depuis 2016. Leur peine d’emprisonnement dépasse désormais sept ans, la peine maximale imposée aux personnes en prison en attente de jugement.
 
Human Rights Watch (HRW) a récemment qualifié l’emprisonnement de Kışanak et Tuncel de « violation flagrante du droit international des droits humains », tandis que la Cour européenne des droits de l’homme a statué que le maintien en détention de Demirtaş et Yüksekdağ est illégal et a pour effet « d’étouffer le pluralisme » et limiter la liberté du débat politique, qui est au cœur même du concept de société démocratique.
 
Türkdoğan a confirmé que la déclaration de soutien aux accusés devant la salle d’audience du campus Sincan se déroulerait comme prévu. Il a déclaré aux médias turcs : « Nous espérons que nos amis seront libérés demain et que la Turquie reviendra sur la voie de l’État de droit. »