SYRIE / ROJAVA – Il y a 20 ans, le 12 mars 2004, 9 civils furent tués lors d’un match de football à Qamishlo opposant une équipe kurde à une équipe arabe de Deir Ezzor. Le soulèvement qui a suivi le massacre a jeté les bases de la révolution du Rojava.
Le massacre du 12 mars fut un tournant important dans la prise de conscience des habitants du nord et de l’est de la Syrie, après des années de politiques d’injustice et d’oppression et de conflits entre ses composantes par un pouvoir dictatorial.
Aujourd’hui marque le 20e anniversaire du massacre de Qamishlo, commis par le gouvernement de Damas (régime Baas) le 12 mars 2004 dans le stade de la ville (Stade municipal), qui fut plus tard baptisé « Stade des Martyrs du 12 Mars » en hommage à ses martyrs.
À la suite du massacre commis par les services de sécurité du régime Baas, 38 civils ont été assassinés, des dizaines ont été blessés et près de 5 000 personnes ont ensuite été arrêtées.
Hier, le parti politique PYD a publié une déclaration concernant l’anniversaire du soulèvement de Qamishlo en 2004 et a souligné qu’il s’agissait d’un véritable soulèvement qui avait commencé à Qamishlo.
Aujourd’hui, le commandant général des Forces Démocratiques Syriennes, Mazloum Abdi a salué la mémoire des victimes du massacre de Qamichlo, en déclarant sur X (ancien Twitter) que « Nous nous souvenons avec respect et appréciation du soulèvement du 12 mars 2004, au cours duquel le peuple kurde a démontré son héroïsme et sa résistance aux politiques d’oppression et de persécution, comme exemple de la volonté populaire face à l’injustice et à la discrimination. Faisons de cet anniversaire l’occasion de souligner la nécessité de renforcer ensemble la cohésion et la solidarité nationales en tant qu’un seul peuple. Nous, les Forces démocratiques syriennes, promettons à notre peuple de poursuivre la voie de l’héroïsme et du sacrifice des martyrs du soulèvement. Gloire et éternité aux héros du soulèvement du 12 mars… »
De son côté, l’Union des communautés du Kurdistan (Koma Civakên Kurdistanê – KCK) a publié un communiqué dans lequel elle rend hommage aux victimes de Qamichlo mais aussi celles du quartier kurde-alévi d’Istanbul / Gazi assassinées par la police turque le 12 mars 1995. KCK a rappelé également que la Turquie massacrait les Kurdes au Kurdistan du Sud, avec la complicité du gouvernement régional.
Extraits du communiqué de KCK:
« Les années 1990 marquent une période au cours de laquelle la lutte kurde et la lutte socialiste et démocratique en Turquie ont commencé à s’unir. Depuis lors, en particulier, l’État turc a perpétré une série de massacres, attaquant brutalement la société. D’abord indirectement. Grâce à la création d’organisations paramilitaires, puis directement à travers les forces officielles de police et de gendarmerie, ils n’ont épargné aucune occasion de verser le sang. Le gouvernement estimait que l’atmosphère révolutionnaire de l’époque constituait un danger pour ses pratiques colonialistes et fascistes. l’État turc n’a pas changé, il est plutôt maintenu par l’AKP-MHP.
(…)
Le gouvernement fasciste dirigé par l’AKP-MHP continue de commettre des atrocités et des attaques parallèlement à un plan de guerre spécial visant à empêcher le peuple kurde, ainsi que tous les peuples de Turquie, et les femmes et les forces démocratiques en particulier, Aujourd’hui comme par le passé, la meilleure réponse à ces massacres en cours est de renforcer les alliances démocratiques et l’unité des peuples.
Après un match de football à Qamishlo, les Kurdes ont été brutalement massacrés par les forces nationalistes racistes. Ils avaient l’intention de déclencher des conflits et des divisions entre les peuples en les opposant les uns aux autres. Compte tenu de la situation en Syrie, les intentions de l’époque deviennent plus claires. Le massacre de Qamishlo en 2004 était censé être le déclencheur de la guerre civile qui a éclaté en 2011. Cependant, le mouvement kurde ainsi que l’approche et la stratégie correctes du peuple de l’époque ont évité cela. La guerre civile syrienne aurait commencé à ce moment-là si les Kurdes n’avaient pas suivi la bonne voie. La Syrie dans son ensemble se serait effondrée dans une guerre civile déclenchée par la destruction du Rojava. Ce n’est que grâce à la résistance du Rojava que la Syrie a réussi à éviter de tomber entre les mains de forces fascistes, génocidaires, réactionnaires et violentes après 2011. »
De nombreux événements commémoratifs en hommage aux victimes du massacre de Qamishlo ont lieu aujourd’hui à travers le Rojava.