AccueilMoyen-OrientTurquieLa Turquie accusée d'avoir tué un médecin kurde à Silêmanî

La Turquie accusée d’avoir tué un médecin kurde à Silêmanî

TURQUIE – Hier, le médecin kurde, Abdulkadir Sabri Toprak a été assassiné dans la ville de Souleimaniye, dans le nord de l’Irak. Aujourd’hui, la députée du DEM Parti, Gülistan Kılıç Koçyiğit a ouvertement accusé le gouvernement turc d’avoir assassiné le médecin kurde et a demandé « Pourquoi avez-vous tué Suleyman ? ».

Un médecin kurde, Abdulkadir Sabri Toprak, originaire de la province turque à majorité kurde de Bitlis (Bedlîs), a été abattu jeudi par des assaillants non identifiés dans la ville de Sulaymaniyah, au Kurdistan irakien (KRI).

Toprak, père de trois enfants, a quitté la Turquie sous la pression politique et a trouvé refuge au Kurdistan irakien il y a 12 ans.

Selon Rojnews, Toprak a été touché par quatre balles, provoquant sa mort immédiate sur les lieux, et les circonstances du crime indiquent une attaque ciblée.

Les observateurs suggèrent que les assaillants pourraient avoir des liens avec les services de renseignement turcs, compte tenu des récentes menaces ouvertes proférées par des responsables turcs contre l’Union patriotique du Kurdistan (UPK), dont le noyau constitutif est basé à Sulaymaniyah, et de la précédente série d’assassinats de demandeurs d’asile politiques au Kurdistan d’Irak.

Assassinats de militants politiques kurdes

De nombreuses personnes au Kurdistan irakien pensent que l’Organisation nationale de renseignement turque a organisé les assassinats de militants politiques kurdes dans la région depuis 2021.

En janvier, Firyal Silêman Xalid, un femme politique kurde originaire de Hasakah (Hassaké), dans le nord-est de la Syrie, a été assassinée en plein jour à Kirkouk (Kerkûk), en Irak.

Hüseyin Arasan, membre de l’Association des travailleurs de Mésopotamie, a été tué à Sulaymaniyah en juin 2023. Arasan avait quitté Mardin (Mêrdîn) en Turquie en raison de poursuites judiciaires contre lui.

En avril 2023, Hüseyin Türeli, un citoyen kurde de Turquie qui a émigré vers la région du Kurdistan irakien parce qu’il était poursuivi pour délits politiques en Turquie, a été tué lors d’une attaque armée à Duhok.

Nagihan Akarsel, universitaire féministe kurde et membre fondatrice de l’Académie Jineolojî de Sulaymaniyah, a été mortellement abattue devant son domicile à Souleymanieh en octobre 2022.

Le militant politique kurde Yasin Bulut a été assassiné à Souleimaniye en septembre 2021, un jour après que Ferhat Barış Kondu, réfugié politique et militant politique kurde, a été blessé par des assaillants masqués dans son bureau à Souleimaniye.

Mehmet Zeki Çelebi, un militant kurde qui a quitté la Turquie pour s’installer dans la région du Kurdistan irakien pour échapper aux persécutions, a été assassiné en mai 2022.

De nombreuses personnes au Kurdistan irakien pensent que l’Organisation nationale de renseignement turque (MIT) a organisé les assassinats de militants politiques kurdes dans la région depuis 2021.

Réaction en Turquie

L’assassinat du médecin Toprak à Sulaymaniyah a suscité une controverse et des débats houleux au sein du Parlement turc. Vendredi, lors de l’assemblée générale, Gülistan Kılıç Koçyiğit, cadre du Parti pour l’égalité des peuples et la démocratie (DEM), a tenu la Turquie pour responsable des assassinats politiques au Kurdistan irakien, dont celui de Toprak.

Tenant une photo du médecin, qui travaillait dans un hôpital de Sulaymaniyah, Koçyiğit a accusé le gouvernement turc de transformer la ville kurde en une « base ouverte du MIT (Service secrets turcs) ».

Koçyiğit a vivement remis en question les motivations de ces meurtres, se référant aux déclarations faites par un ambassadeur turc après le meurtre d’Akarsel, qui suggéraient une politique visant à cibler les personnes associées au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).