Le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) ne représente aucune menace pour l’Occident, épouse une idéologie démocratique et ne représente aucune menace significative pour l’intégrité de la Turquie, a estimé un groupe de réflexion américain, dans un rapport susceptible de donner du crédit aux appels exigeant que le PKK soit radié de la liste des organisations terroristes et la fin des attaques de la Turquie contre les forces kurdes de Syrie alliées aux États-Unis.
Le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) ne constitue « aucune menace pour l’Occident », (…) à l’intégrité de la Turquie et ne sera pas détruit tant que les forces qui lui sont liées joueront un rôle clé dans la lutte mondiale contre le terrorisme islamiste, évalue le Centre d’études stratégiques et internationales (Center for Strategic and International Studies – CSIS), cercle de réflexion, d’influence et de conseil américain en matière de politique étrangère.
Le rapport, publié par le groupe de réflexion pro-américain Centre d’études stratégiques et internationales (CSIS), souligne le rôle du mouvement politique kurde au sens large dans la collaboration aux côtés des États-Unis pour combattre l’État islamique, ou ISIS. En soulignant la menace limitée que représente le PKK pour la Turquie et le fait que le mouvement n’a jamais cherché à attaquer ou à menacer les États occidentaux, et en soulignant que le mouvement épouse une idéologie démocratique qui ne cherche pas à remettre en question les frontières préexistantes dans la région, le Ce rapport alimentera encore davantage les arguments selon lesquels le PKK devrait être retiré des listes de terrorisme international et traité comme un acteur politique et militaire légitime.
« Le PKK ne représente aucune menace directe pour les pays occidentaux autres que la Turquie », estiment les auteurs du rapport, notant que « rien dans son idéologie ne suggère une menace pour les États-Unis, et il n’a aucun historique d’attaques contre des citoyens ou des installations américains », même lorsqu’il s’agissait d’une organisation marxiste-léniniste luttant contre un allié de l’OTAN pendant la guerre froide.
En outre, le groupe militant a connu une évolution idéologique, épousant désormais « une idéologie que [le leader emprisonné Abdullah] Ocalan appelle ‘confédéralisme démocratique’, qui tente de parvenir à l’autodétermination ‘sans remettre en question les frontières politiques existantes’ », note le rapport. Cette évolution idéologique vers une approche visant à parvenir à un changement démocratique à la base et à un règlement démocratique et fédéral en Turquie et dans d’autres pays voisins s’est accompagnée de changements matériels sur le terrain.
Comme l’indiquent les statistiques citées dans le rapport, le PKK s’est retiré de la Turquie vers l’Irak à la suite de l’échec des négociations de paix, ce qui signifie que la plupart des incidents violents ont désormais lieu dans ce pays et constituent des affrontements armés entre les forces armées turques et les militants du PKK, ainsi qu’un vaste conflit armé. Les frappes aériennes turques font souvent des victimes civiles.
En tant que telles, les attaques de la Turquie contre des groupes kurdes, notamment le PKK et les Forces démocratiques syriennes (FDS), alliées des États-Unis et dirigées par les Kurdes, ne servent qu’à « accroître l’instabilité et à drainer des ressources qui pourraient autrement être consacrées à la lutte contre l’État islamique », préviennent les auteurs : notant que la Turquie a utilisé les incidents survenus à l’intérieur de ses propres frontières comme excuse pour cibler des régions syriennes sans lien avec l’incident. Ce sont les actions de la Turquie qui mettent en péril les États-Unis en renforçant l’EI, préviennent les auteurs du rapport : « un détournement de ressources pour résister à une incursion turque dans le nord de la Syrie pourrait créer les conditions permettant à l’État islamique d’organiser une évasion majeure ».
Les auteurs notent que « le PKK n’a pas désavoué la violence et ne montre aucune volonté de le faire », mais affirment que cette menace ne peut être éliminée par « l’intensification de la pression militaire ». D’un côté, ils soutiennent que « même si les États-Unis ne combattront pas un allié de l’OTAN pour protéger [ses alliés kurdes syriens], les responsables américains n’accepteraient pas la destruction d’une force antiterroriste alignée sur les États-Unis par l’armée turque et appliqueraient des mesures diplomatiques. pression pour empêcher une telle issue. Le résultat est que la Turquie n’a aucun espoir de détruire le PKK, alors que les forces kurdes sont des alliées importantes dans la lutte antiterroriste des États-Unis.»
En présentant le PKK comme une force démocratique ne représentant aucune menace pour l’Occident, le rapport donne du crédit aux arguments selon lesquels le groupe devrait être retiré des listes terroristes. Un arrêt récent et historique du plus haut tribunal belge a confirmé une décision indiquant que le PKK ne devrait pas du tout être considéré comme une organisation terroriste, mais comme une partie légitime à un conflit interne en Turquie.
Selon les experts juridiques, la radiation globale du PKK : permettrait à la Turquie et au PKK d’être tenus également responsables de tout crime commis pendant le conflit en cours, conformément au droit international établi ; empêcher la Turquie d’utiliser son opposition au PKK comme prétexte pour liquider l’opposition nationale pro-kurde et envahir et bombarder les pays voisins ; et créer des pressions pour la réouverture des négociations de paix en Turquie. Mais la pression continue de la Turquie sur ses alliés internationaux signifie qu’une telle mesure reste une possibilité lointaine.