TURQUIE – Le Parti pour l’égalité des peuples et la démocratie (DEM), pro-kurde, a célébré la Journée internationale de la langue maternelle au sein de la Grande Assemblée nationale turque en organisant mardi sa réunion de groupe hebdomadaire en plusieurs langues: les dialectes kurdes, dont le kurmancî et le zazakî, ainsi que l’arménien, l’arabe, le géorgien, le laz et le syriaque.
Tuncer Bakırhan, coprésident du parti DEM, a prononcé une déclaration en kurde, soulignant la perte mondiale des langues due aux États racistes et aux politiques d’assimilation. Le discours de Bakırhan a souligné la valeur intrinsèque de la langue en tant que reflet de l’émotion, de la pensée, de l’identité et de la culture humaines, soulignant que la langue n’est pas simplement un moyen de communication mais l’essence de l’être humain.
L’appel à l’action de Bakırhan souligne la nécessité des droits linguistiques et de la préservation de toutes les langues, en particulier face à l’oppression persistante en Turquie. L’événement a vu la participation de divers représentants, dont le député de Mardin George Aslan parlant en syriaque, Saliha Aydeniz en zazaki et d’autres politiciens contribuant en arabe, en géorgien, en laz et en arménien, démontrant un front uni pour la diversité linguistique et les droits.
Pendant ce temps, des partis politiques et des organisations de la société civile dans l’est de Van (Wan) à majorité kurde, y compris l’association Arsisa pour la langue, la culture et les recherches, ont été empêchés par la police de distribuer des tracts dans le centre-ville appelant à la reconnaissance du kurde comme langue officielle et éducative.
Rassemblé devant le bureau du district d’Ipekyolu (Rêya Armûşê) du parti DEM à l’occasion de la Journée internationale de la langue maternelle, le groupe a procédé à une marche malgré l’obstruction, scandant des slogans tels que « Il n’y a pas de vie sans langue » et « Notre langue est notre honneur ».
Après la marche vers le bâtiment de l’organisation provinciale du parti DEM, Heval Dilbihar, co-porte-parole de la Commission de la langue et de la culture du parti DEM, a condamné l’interdiction de la distribution de tracts prévue :
« Aujourd’hui, nous n’avions pas le droit de distribuer des tracts appelant à faire du kurde une langue officielle. Cette honte appartient au gouvernement. Nous dénonçons et condamnons cette interdiction. Parlons, apprenons et enseignons dans notre propre langue dans les rues, les foyers et les quartiers. Nous exigeons que le kurde soit une langue officielle et éducative. »
La célébration du parti DEM au Parlement turc et divers événements dans toute la Turquie surviennent à un moment où les droits linguistiques sont de plus en plus menacés, le parti DEM restant ferme dans son engagement en faveur du multilinguisme et de la préservation de la culture, remettant en question les politiques d’assimilation et plaidant pour la reconnaissance officielle du kurde. et d’autres langues minoritaires en Turquie.