TURQUIE / KURDISTAN – Le 6 février 2023, deux séismes dévastaient onze provinces du sud-est de la Turquie à majorité kurde. Dès le premier jour des séismes, l’État turc à privilégié la répression des médias et des journalistes afin de cacher l’ampleur des dégâts mais aussi les scandales (secours absents ou retardés, aide humanitaire détournée, kidnappings des enfants dans les zones sinistrées…), qui ternissaient son image. Un an après, l’association de défense des journalistes et des médias, MLSA* publie le bilan en matière des violations du droit d’informer et les persécutions ciblant les médias et les journalistes observées pendant la période qui a suivi les deux séismes du 6 février 2023.
Les critiques et les informations concernant la gestion des catastrophes ont fait l’objet d’une forte censure.
Le 8 février 2023, Twitter a été fermé pendant 9 heures.
Dans le mois qui a suivi le tremblement de terre, 4 journalistes couvrant les environs des décombres ont été arrêtés et 2 journalistes ont été arrêtés.
Le Conseil supérieur de l’audiovisuel de Turquie (RTÜ a imposé des coupures d’écran et des amendes sur Halk TV, TELE 1 et Fox TV en raison de leurs émissions sur le tremblement de terre.
À ce jour, une enquête a été ouverte contre au moins 18 journalistes pour « diffusion d’informations trompeuses au public » en raison de leurs informations ou de leurs publications sur les réseaux sociaux concernant le séisme.
Traitement différent du président envers le journaliste Boltan dans l’affaire des « insultes »
Les poursuites pour insultes contre le Président Erdogan dans les provinces touchées par le séisme avaient été abandonnées par le Président. Cependant, le Président n’a pas retiré sa plainte contre le journaliste victime du séisme Hakkı Boltan qui est jugé pour la même allégation d’« insultes ». Le journaliste persécuté a déclaré : « Cela montre qu’il existe une application spéciale destinée à moi ou aux journalistes. »
L’association rappelle par ailleurs que 23 journalistes ont perdu la vie dans les tremblements de terre.
Les problèmes non résolus dans les zones sinistrées
Les journalistes travaillant dans la zone du séisme se sont entretenus avec MLSA à l’occasion du premier anniversaire du séisme.
Les problèmes d’il y a un an n’ont toujours pas changé. Le logement, la logistique, l’économie, le soutien, les opportunités, etc. Il y a toujours cette demande.
Les journalistes qui connaissent la Syrie ont déclaré que les zones frappées par le séisme ressemblent à Alep, « ce n’est pas différent d’une ville détruite en Syrie ».
Jugés le jour anniversaire du séisme à cause de leurs articles sur le séisme
Le journaliste Bulut et l’auteur Saçılık seront jugés pour leurs articles sur le séisme à l’occasion de l’anniversaire du séisme.
Le journaliste Fırat Bulut et l’écrivain sociologue Veli Saçılık ont été accusés de « désinformation » en raison de leurs articles sur le tremblement de terre du 6 février.
L’audience des deux affaires aura lieu le 6 février, jour du premier anniversaire du tremblement de terre.
MLSA: Association d’études sur les médias et le droit travaillant dans les domaines de la liberté d’expression, du journalisme, des libertés sur Internet et du droit à l’information.