Il y a vingt ans jour pour jour, deux attentats d’Al-Qaïda faisaient 103 morts et 246 blessés en pleine fête du Sacrifice dans la capitale kurde d’Erbil (Hewler), au Kurdistan du Sud. L’Institut Kurde de Paris revient sur ce carnage qui a eu lieu le premier février 2024.
Il y a vingt ans, le 1er février 2004, le Kurdistan était endeuillé par deux attentats meurtriers perpétrés par al-Qaïda.
Ce jour-là, aux sièges respectifs des deux principaux partis kurdes, les dirigeants du Parti démocratique du Kurdistan et ceux de l’Union patriotique du Kurdistan recevaient les bons vœux des habitants d’Erbil à l’occasion de la fête musulmane du Sacrifice. Les mesures de sécurité habituelles pour accéder à ces bâtiments avaient été allégées en fin de matinée pour ne pas faire attendre trop longtemps les gens qui formaient de longues queues. Des kamikazes d’al-Qaïda ont rapidement su tirer profit de cette faille de sécurité pour se mêler à la foule et accéder aux salons où se déroulait la réception. Au moment de présenter leurs vœux à leur tour aux dirigeants politiques, ils ont fait exploser leurs ceintures bourrées de puissants explosifs. Les explosions ont provoqué un véritable carnage tuant 103 personnes et en blessant 246 autres.
Parmi les victimes, des dirigeants politiques de premier plan des deux partis kurdes dont l’ancien Premier ministre du Kurdistan, Sami Abdul Rahman et son fils Salah, en visite à Erbil. Adnan Mufti, devenu plus tard Président du Parlement du Kurdistan, fut grièvement blessé.
Ces attentats ont été revendiqués par l’organisation terroriste d’al-Qaïda en Irak qui avait déjà perpétré d’autres attentats spectaculaires à Bagdad dont celui d’août 2003 contre le siège de la représentation des Nations-Unies qui avait fait des dizaines de morts.
Al-Qaïda en Irak, tout comme son successeur Daech, a été créé, structurée, armée et financée par les membres des anciens organes de répression du régime de Saddam Hussein et de son parti Baas. Après une longue et meurtrière guerre de contre-insurrection, elle a été vaincue grâce notamment à la mobilisation des tribus arabes sunnites par les forces américaines dirigées par le général David Petraeus. Le retrait prématuré de celles-ci sous l’administration Obama, à la demande de Bagdad, a laissé un vide sécuritaire. Les réseaux baasistes repliés en Syrie et réorganisées sous la bannière d’une nouvelle organisation djihadiste, Daech, ont pu repasser à l’offensive en 2014 en s’emparant notamment de larges positions de l’Irak sunnite, y compris Mossoul.
Après la tragédie du 1er février 2004, le gouvernement du Kurdistan a pris des mesures strictes de sécurité, démantelant les cellules dormantes d’al-Qaïda et la région est restée un havre de paix jusqu’à l’offensive de Daech en août 2014. Les Peshmergas kurdes et les combattants kurdes de Syrie ont pu, avec le soutien de la coalition internationale, vaincre Daech et mettre fin à son prétendu Etat islamique.
Comme chaque année, ce 1er février, une cérémonie d’hommage aux victimes des attentats du 1er février 2004 a eu lieu dans le parc Sami Abdul Rahman devant le monument en forme de deux pages ouvertes d’histoire du Kurdistan où sont inscrits les noms des martyrs par ordre alphabétique.