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TURQUIE. Une ancienne ministre de l’intérieur qualifie de « dignes » les assassinats des Kurdes dans les années 1990

TURQUIE – La dirigeante du Parti nationaliste turc İYİ, Meral Akşener, a scandalisé bon nombre de Kurdes suite à son discours de jeudi dans lequel elle a qualifié d’« honorables » les assassinats politiques (notamment des Kurdes) dans les années 1990. Aksener a également été impliquée dans les meurtres politiques commis par les paramilitaires turcs puisqu’elle était ministre de l’Intérieur entre 1996 et 1997, sous le gouvernement de Necmettin Erbakan (fondateur du mouvement islamiste Milli Görüş).

Akşener s’exprimait dans la province kurde de Sivas, dans le cadre de sa campagne pour les prochaines élections locales du 31 mars. Dans son discours, elle a évoqué l’assassinat de Sinan Ateş, ancien chef de l’organisation paramilitaire d’extrême droite Foyers Idéalistes (Loups Gris), en 2022.

La dirigeante du Parti nationaliste turc du Bon (İYİP), Meral Akşener, a fait l’objet de nombreuses critiques de la part de diverses couches de la société après son discours de jeudi dans lequel elle a qualifié d’« honorables » les assassinats politiques passés.

Akşener s’exprimait dans la province centrale de Sivas, dans le cadre de sa campagne pour les prochaines élections locales du 31 mars. Dans son discours, elle a évoqué l’assassinat de Sinan Ateş, l’ancien chef de l’organisation paramilitaire d’extrême droite Foyers Idéalistes, en 2022.

Partageant une anecdote personnelle sur la famille d’Ateş, Akşener a raconté que ses enfants vivaient dans la peur et a déclaré qu’il avait été tué par des « trafiquants de drogue ». Elle a ajouté : « Nous avons été témoins d’assassinats politiques dans le passé, mais ils étaient honorables. C’est pourquoi aucun de nous n’avait peur à l’époque ».

Beaucoup ont répondu aux commentaires d’Akşener en rappelant au public qu’elle avait été ministre de l’Intérieur de novembre 1996 à juin 1997. Les assassinats politiques visaient principalement des personnes du mouvement kurde et des organisations de gauche en Turquie. On pensait que bon nombre de ces meurtres étaient l’œuvre de l’État profond au pouvoir à l’époque.

Le coprésident du Parti pour l’égalité des peuples et la démocratie (DEM), Tuncer Bakırhan, a exprimé sa consternation sur les réseaux sociaux en déclarant : « Les meurtriers et les auteurs de massacres avouent leurs crimes un par un. Nous savions que les auteurs de Musa Anter, Mehmet Sincar, Muhsin Melik, Hrant Dink et de milliers d’autres meurtres non élucidés étaient déshonorants. Maintenant, vous l’avouez vous-même ».

La coprésidente du parti DEM, Tülay Hatimoğulları, a partagé sa réaction sur Twitter en disant : « Ceux qui ont entraîné la Turquie dans les ténèbres en tuant des Kurdes, des Alévis, des Arméniens, des socialistes et des intellectuels ont déjà été condamnés par l’histoire et la société. (…) Aujourd’hui, l’aveu d’une mentalité génocidaire sort de leurs bouches ».

Eren Keskin, coprésidente de l’Association des droits de l’homme (İHD), a également exprimé son indignation en déclarant :

« Épouvantable, au-delà de l’épouvantable ! … Nous savons qui elle entend par « meurtre honorable », n’est-ce pas ? Cette approbation de la violence ne peut se produire que dans une dystopie comme celle-ci ! Elle parle de nos morts ».

Dans une publication sur les réseaux sociaux, Bülent Karakaş, vice-président de la branche Kağıthane du Parti républicain du peuple (CHP) à Istanbul, a rappelé les meurtres d’Uğur Mumcu, Gaffar Okan et Hrant Dink et a exprimé ses critiques.

En réponse aux commentaires d’Akşener, le barreau de Şırnak a déclaré dans un communiqué : « En tant que barreau de Şırnak, nous condamnons la dirigeante du parti İYİ, Meral Akşener, pour sa grave déclaration et soulignons que le but principal de l’existence de l’État est de assurer la sécurité de la vie des personnes ».

Selon l’IHD, au total, 1 964 personnes sont mortes dans des assassinats politiques non élucidés au cours de la décennie entre 1989 et 1999. Ces disparitions forcées, en particulier au cours des années 1990, sont restés gravés dans la mémoire sociale des gens. en Turquie.