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Il y a six ans, la Turquie envahissait le canton kurde d’Afrin, au Rojava

SYRIE / ROJAVA – Le 20 janvier 2018, l’État turc et ses mercenaires islamistes ont lancé une guerre contre le canton kurde d’Afrin, dans le Nord de la Syrie. Après 3 mois d’attaques sanglantes ciblant les civils, les hôpitaux et des structures vitales de la région où d’innombrables crimes de guerre et crimes contre l’humanité ont été commis depuis, des centaines de milliers de Kurdes ont dû fuir leurres terres. Six ans plus tard, les rares familles kurdes d’Afrin qui ont refusé d’abandonner leurs terres aux colons de la Turquie sont victimes de torture, kidnappings, viols, meurtres, de rançon, de spoliation de tous leurs biens, y compris leurs maisons et leurs oliveraies.

Malgré de nombreux rapports prouvant les crimes abominables commis à Afrin par les gangs sous contrôle turc, la communauté internationale ignore le génocide à dimension multiple (changement démographique, écocide, linguicide, féminicide…) commis à Afrin.

Afrin victime de génocides multiples

Jour et nuit, des villes et des villages, des camps de réfugiés et des sites historiques ont été bombardés par des avions de guerre et de l’artillerie turcs. L’attaque de la Turquie et de ses milices jihadistes alliées s’est poursuivie jusqu’au 18 mars.

Depuis lors, le canton d’Afrin, dans le nord de la Syrie, est sous occupation turque. Des crimes de guerre ont été systématiquement commis depuis l’invasion. Une grande partie de la population déplacée d’Afrin vit dans des conditions précaires dans la région voisine de Shehba.

Des centaines de civils ont été tués et plusieurs centaines d’autres ont été blessés au cours de cette guerre. Des centaines de milliers de personnes ont été déplacées et contraintes de quitter leur foyer. Depuis lors, Afrin est sous occupation turque et toutes les réalisations précédemment établies d’auto-organisation des communautés locales ont été détruites.

La diversité des populations qui y vivent ne s’exprime plus et les droits des femmes pour lesquels on luttait ont été de fait abolis sous l’occupation turque. Les maisons vacantes des familles déplacées ont été remises par l’armée turque aux familles des combattants des islamistes et d’autres milices soutenues par la Turquie.

De nouvelles administrations régionales ont été établies sous contrôle turc dans le cadre du changement démographique de la région. Dans le même temps, l’invasion turque a fourni un encouragement et une opportunité pour l’Etat islamique de se réorganiser.

La région d’Afrin en particulier a joué un rôle central en tant que centre de la révolution des femmes et dans la mise en place de structures démocratiques directes et participatives dans le nord et l’est de la Syrie. Ici, des institutions féminines et des communes et conseils de femmes ont été créés, basés sur la démocratie directe, et ont contribué à éliminer les inégalités entre les sexes. De nombreux sites archéologiques historiques de la région, faisant partie du patrimoine des sociétés matriarcales locales, ont été délibérément détruits lors de l’invasion de l’État turc et suite à l’occupation afin d’effacer et d’occuper la mémoire d’une région et d’un pan de l’histoire des femmes. Parmi eux, par exemple, le temple Tel Aştar à Ain Dara, dédié à la déesse Ishtar.

La destruction s’étend à une dévastation massive et à des dommages irréversibles à la riche nature et à l’écosystème d’Afrin composé de montagnes, de rivières et de sols fertiles. De nombreux champs ont été incendiés et des dizaines de milliers d’arbres, dont un grand nombre d’oliviers, ont été abattus du fait de l’occupation par la Turquie et ses milices djihadistes.

Les structures démocratiques de base précédemment établies par la population locale, avec des communautés et des conseils communautaires organisés, qui permettaient la coexistence pluraliste des différents peuples ainsi que leur participation politique, ont été remplacées avec l’occupation turque par un projet de changement démographique et d’anéantissement non seulement des Kurdes autochtones, de leur langue, de leur culture et de leur histoire, mais de la coexistence diverse des peuples de la région.