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HRW: La Turquie a détruit des infrastructures vitales du nord-est de la Syrie

Plus de deux semaines après le début des attaques meurtrières turques ciblant les civils et les infrastructures vitales du Rojava pour anéantir la Révolution féministe et pluraliste réalisée par les Kurdes et les autres peuples de Syrie, l’ONG de défense des droits humains, Human Rights Watch parle enfin des crimes de guerre commis par la Turquie au Rojava.

Dans son rapport daté du 11 janvier 2023, Human Rights Watch (HRW) écrit que « Les forces armées turques ont accentué leurs attaques contre des zones du nord-est contrôlées par les forces dirigées par les Kurdes, détruisant des infrastructures critiques et causant des pannes d’eau et d’électricité pour des millions de personnes. »

Human Rights Watch rappelle également que dans une Syrie où les « abus perdurent dans un contexte de crise économique », « les efforts internationaux visant l’obligation de rendre des comptes commencent à porter leurs fruits (…) ».

Violations généralisées dans les régions syriennes occupées par la Turquie

Human Rights Watch (HRW) a publié un rapport détaillant les violations généralisées des droits humains dans les zones du nord de la Syrie sous contrôle turc en 2023. Le rapport accuse les groupes d’opposition armés soutenus par la Turquie, connus sous le nom d’Armée nationale syrienne (SNA), de mener des arrestations arbitraires, disparitions forcées, torture, violences sexuelles et procès militaires iniques et en toute impunité.

Selon HRW, de nombreuses personnes auraient été victimes de ces abus, les auteurs de ces abus bénéficiant de l’impunité. HRW a souligné les violations continues des droits des civils à un foyer, à la terre et à la propriété, alors que les factions du SNA continuent de s’emparer de force des maisons, des terres et des entreprises.

Le rapport met en lumière les conséquences des opérations militaires turques dans le nord de la Syrie, qui ont entraîné le déplacement et la dépossession de centaines de milliers de Syriens (majoritairement des Kurdes comme on l’a vu à Afrin et Sere Kaniyê).

Fait marquant, en août 2023, l’Office of Foreign Assets Control (OFAC) du Département du Trésor américain a annoncé des sanctions contre la brigade Suleiman Shah et la division Hamza, soutenues par la Turquie, ainsi que contre leurs dirigeants, Mohammad Hussein al-Jassem, Walid Hussein al-Jassem. Jassem et Sayf Boulad Abu Bakr, pour avoir commis de graves violations des droits humains contre la population kurde de la région d’Afrin.

Le rapport de HRW souligne également les frappes aériennes turques qui ont causé des morts et des blessés parmi les civils, ainsi que les coupures d’eau dans l’Administration autonome du nord et de l’est de la Syrie (AANES), mettant en péril le droit à l’eau de près d’un million de personnes dans la ville d’Al-Hasakeh et ses environs.

Outre les violations des droits de l’homme, le rapport met également en lumière la grave crise économique que traverse la Syrie. À la mi-2023, plus de 90 % des Syriens vivaient en dessous du seuil de pauvreté, et des millions de personnes avaient du mal à accéder à une nourriture de qualité et comptaient sur l’aide humanitaire pour survivre. Plus de 600 000 enfants souffriraient de malnutrition chronique.

Le gouvernement syrien a été accusé de restreindre sévèrement l’acheminement de l’aide humanitaire dans les zones contrôlées par le gouvernement et de détourner l’aide pour punir la dissidence. Pendant ce temps, les réfugiés internes du nord-est de la Syrie sont confrontés à des conditions désastreuses dans des camps surpeuplés et sous-équipés.

Le rapport met également l’accent sur la question des réfugiés, soulignant que 12,3 millions de Syriens ont été contraints de fuir le pays depuis le début du conflit en 2011, dont 6,7 millions ont été déplacés à l’intérieur du pays. Il a également critiqué la Turquie pour avoir expulsé des milliers de Syriens vers le nord de la Syrie, avec des informations selon lesquelles les gardes-frontières turcs auraient tiré sans discernement sur des civils et auraient eu recours à une force excessive contre les demandeurs d’asile et les migrants qui tentaient d’entrer en Turquie.