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IRAN. Le régime iranien se livre à des disparitions forcées

IRAN / ROJHILAT – Refuser de restituer les corps des prisonniers politiques exécutés à leurs familles est une forme de « disparition forcée », écrit l’ONG kurde Hengaw, une semaine après l’exécution de trois prisonniers politiques kurdes Wafa Hanareh, Aram Omari Bardiani, Rahman Parhazo et de la prisonnière politique turque Nasim Namazi à Ourmia.

Les institutions de sécurité iraniennes ont refusé de remettre les corps des quatre prisonniers à leurs familles qu’ils ont menacées pour qu’elles abandonnent leurs requêtes et qu’elles gardent le silence.

Quatre prisonniers politiques exécutés pour « espionnage au profit d’Israël »

L’exécution de ces prisonniers politiques, condamnés à mort l’année dernière par la troisième chambre du tribunal révolutionnaire d’Ourmia pour « participation à la coopération en matière de renseignement et d’espionnage au profit d’Israël », a eu lieu le jeudi 28 décembre 2023, et celle de Nasim Namazi, une prisonnière politique turque, a eu lieu le vendredi 29 décembre dans la prison centrale d’Urmia.

Refus de rendre les corps à leurs familles et interdiction de cérémonies funéraires après l’exécution des prisonniers politiques à Ourmia

Après l’exécution de Wafa Hanareh, Aram Omari Bardiani et Rahman Parhazou dans la prison centrale d’Urmia, les autorités iraniennes ont refusé de remettre leurs corps à leurs familles et ont interdit les cérémonies funéraires publiques et privées. Hengaw a été informé qu’au cours des derniers jours, les services de renseignement des Gardiens de la Révolution (CGRI) ont fait pression sur les familles de ces quatre prisonniers politiques et leur ont annoncé qu’ils pouvaient montrer aux familles des vidéos de l’enterrement des exécutés uniquement si approuvé par les autorités.

Ils ont également mis en garde ces familles contre la publication d’informations à ce sujet. L’ONG Hengaw condamne fermement la non-remise des corps de Wafa Hanareh, Aram Omari Bardiani et Rahman Parhazo à leurs familles et le qualifie d’une forme de « disparition forcée ».

Hengaw, qui s’engage à suivre la situation des droits humains en Iran, dont le Kurdistan de l’Est, considère ce comportement comme une violation flagrante des droits fondamentaux et de la dignité humaine et exige une réponse immédiate des autorités responsables et une enquête internationale sur cette affaire de « disparition forcée ». Selon le droit international : la disparition forcée est l’un des crimes contre l’humanité dans lesquels une personne est arrêtée et cachée par le gouvernement ou des organisations politiques sans que des informations sur son sort ou le lieu où elle se trouve ne soient fournies à sa famille ou à la société.

Cet acte est généralement commis dans le but de créer la peur et la terreur ou comme méthode pour réprimer et punir les opposants politiques.

La disparition forcée constitue une grave violation des droits de l’homme et provoque de grandes souffrances et une grande incertitude pour les familles et les amis des victimes. Dans le domaine du droit international, la disparition forcée est considérée comme un crime important contre les droits de l’homme qui est systématiquement appliqué aux citoyens.

Cet acte est l’un des exemples de « crime contre l’humanité ». La Convention internationale contre les disparitions forcées, approuvée en 2010, constitue l’un des actes clés dans ce domaine. Cette convention met un accent particulier sur le droit des individus à connaître le statut de leurs proches disparus et à obtenir justice et réparation.

Selon les normes du droit international, non seulement la personne disparue mais aussi ses familles sont considérées comme des victimes de ce crime en raison d’une séparation soudaine, du manque d’accès à l’information, de la crainte de représailles et de l’inconnu de leur statut. Jusqu’à présent, 110 pays ont adhéré à cette convention, qui joue un rôle important dans la prévention de ces crimes. Cependant, la République islamique d’Iran refuse toujours de ratifier et d’adhérer à cette convention, ce qui montre l’indifférence du système sécuritaire et judiciaire du pays à respecter les droits des accusés et des prisonniers.

Il convient de mentionner que les familles et les survivants des disparus peuvent intenter une action en justice en déposant une plainte auprès du Groupe de travail des Nations Unies sur les disparitions forcées. Après avoir reçu la plainte, le groupe de travail contacte les autorités iraniennes pour obtenir des informations sur le sort et le lieu de sépulture des victimes.