TURQUIE / KURDISTAN – Une enquête menée par le Syndicat des travailleurs de la santé et des services sociaux (SES) à Diyarbakır (Amed), en Turquie, a révélé que les femmes kurdes ne peuvent pas se rendre aux centres de diagnostic précoce, de dépistage et d’éducation du cancer (KETEM). Cette restriction, qui découle de la barrière linguistique due au refus du gouvernement turc de fournir des services en kurde, la deuxième langue parlée en Turquie, retarde considérablement leur diagnostic, en particulier pour le cancer du sein et du col de l’utérus.
À Diyarbakır, l’incapacité de parler turc a empêché de nombreuses femmes kurdes, en particulier celles des zones rurales, d’accéder aux services de diagnostic du cancer. L’enquête SES portant sur 347 femmes kurdes âgées montre que 58 % d’entre elles ne pouvaient pas bénéficier de ces services, nécessitant souvent que des membres masculins de leur famille les accompagnent, créant un inconfort et empêchant une communication efficace avec les médecins.
Les KETEM ont été créés par le département de lutte contre le cancer de la direction de la santé publique du ministère turc de la Santé, dans le but de « permettre aux femmes des villages les plus reculés de vivre sans le cancer ».
De plus, une femme kurde de 84 ans d’Istanbul s’est vu refuser un traitement médical dans un hôpital en raison du manque d’interprètes kurdes, malgré l’offre de son fils de traduire. Cet incident survenu à l’hôpital d’éducation et de recherche Fatih Sultan Mehmet met en évidence le problème plus large des barrières linguistiques dans les soins de santé turcs qui affectent la population kurde.
En outre, le ministre turc de la Santé, Fahrettin Koca, a été critiqué pour avoir exclu les Kurdes du service de prescription en ligne E-Reçetem. Malgré la présence de citoyens parlant le kurde, le service propose d’autres langues destinées au tourisme de santé, au mépris des droits linguistiques de millions de Kurdes en Turquie. Cette décision a été condamnée par divers groupes, dont le HDP et SES, car elle néglige les besoins de santé de la communauté kurde.