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TURQUIE. Un ministre turc avoue la motivation politique dans l’emprisonnement de Kavala et de Demirtas

Le ministre turc des Affaires étrangères, Hakan Fidan, a récemment prétendu que l’emprisonnement du philanthrope Osman Kavala et de l’homme politique kurde, Selahattin Demirtaş, avaient été injustement politisés en Europe, entraînant d’inévitables réactions politiques en Turquie.

L’équipe juridique d’Osman Kavala, un philanthrope turc purgeant une peine à perpétuité aggravée, a contesté l’affirmation du ministre des Affaires étrangères Hakan Fidan selon laquelle l’Europe avait politisé le cas de Kavala. Ils ont fait valoir que la Turquie devrait respecter ses obligations juridiques internationales, indépendamment de la politisation perçue, et ont averti que le non-respect des arrêts de la CEDH pourrait mettre en danger l’adhésion de la Turquie au Conseil de l’Europe.

Fidan a déclaré que les affaires impliquant Osman Kavala, et par extension des affaires similaires, avaient été politisées dans les capitales européennes avant même d’être portées devant les tribunaux turcs. Il a fait valoir que ces affaires n’étaient plus des questions juridiques et techniques mais s’inscrivaient désormais dans le cadre du conflit politique interne de la Turquie, déclarant que « la réponse à une affaire politisée sera également politique ». Fidan a laissé entendre qu’il n’y avait aucun acte répréhensible dans cette approche et a suggéré que lorsque les cas sont politisés à l’extérieur, la réponse de la Turquie était naturellement politique.

Les avocats Köksal Bayraktar et Deniz Tolga Aytöre, répondant aux commentaires de Fidan formulés lors de la réunion du comité du plan et du budget de la Grande Assemblée nationale turque (TBMM), ont réfuté l’idée selon laquelle l’Europe avait injustement politisé l’affaire. Ils ont souligné que la réponse de la Turquie devrait être dictée par ses obligations juridiques internationales, quelle que soit la politisation perçue de l’affaire.

Les avocats ont souligné que le Conseil de l’Europe (CdE) attend de la Turquie, en tant que membre, qu’elle remplisse ses engagements au titre de la Convention et de l’article 90 de sa constitution et ont averti que le non-respect des décisions de la CEDH pourrait mettre en danger l’adhésion de la Turquie au CdE. Ils ont soutenu que ces attentes, émanant de la CEDH et des organes concernés au sein du Conseil de l’Europe, ne politisent pas l’affaire mais soulignent l’application d’une décision d’un tribunal international. Ils ont affirmé le devoir de la Turquie d’appliquer ce verdict conformément à la Convention.

Au cours de la discussion en commission susmentionnée sur le budget du ministère des Affaires étrangères, les députés d’opposition du Parti républicain du peuple (CHP) et du Parti de l’égalité des peuples et de la démocratie (HEDEP) ont exprimé leurs inquiétudes quant au mépris de la Turquie envers les décisions de la CEDH sur Kavala et l’ancien coprésident du Parti démocratique des peuples (HDP) Selahattin Demirtaş pourrait conduire à son retrait du Conseil de l’Europe. Fidan a défendu la position de la Turquie, affirmant que ces affaires, en particulier celle de Kavala, étaient politisées avant même les procédures judiciaires, devenant ainsi partie intégrante de la lutte politique interne de la Turquie.