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TURQUIE. Les mères de samedi cherchent leurs disparus

TURQUIE – Les Mères du samedi ont pu se réunir sur la place Galatasaray, à Istanbul, pour la deuxième fois depuis 2018.

Lors de leur 973e rassemblement hebdomadaire, les Mères du samedi ont demandé ce qui est arrivé à Nihat Aydoğan, un Kurde de 39 ans arrêté par les forces armées turques le 30 novembre 1994 à Mardin/Midyat et qui a disparu depuis…

Jusqu’à samedi 11 novembre 2023, les manifestants se sont régulièrement réunis semaine après semaine, animés par le désir de découvrir la vérité et d’obtenir justice pour leurs proches disparus alors qu’ils étaient en garde à vue. Néanmoins, leurs efforts persistants pour convoquer et accueillir une conférence de presse sur la place Galatasaray ont toujours été entravés par la police.

 

Depuis 28 ans, les mères du samedi s’arment d’œillets contre la police turque

Il y a 28 ans, les Mères du Samedi (en kurde: Dayikên Şemiyê, en turc: Cumartesi Anneleri) descendaient pour la première fois sur la place Galatasaray, à Istanbul, pour exiger la fin des disparitions forcées et demander qu’on leur rende leurs proches portés disparus.

Les « mères du samedi » reproche l’État turc de ne pas avoir enquêté sérieusement pour établir la vérité sur ceux qui ont disparu après leur mise en détention par les autorités turques.

Selon l’Association des droits de l’Homme (IHD), entre 1992 et 1996, 792 disparitions forcés et meurtres (de journalistes, syndicalistes, médecins, enseignants, enfants ou simples paysans) par l’État ont été signalés dans les régions kurdes de Turquie.

Le 25 août 2018, les autorités turques ont annoncé que le gouvernement avait interdit la réunion. Suite à cette annonce, lors de leur 700ème manifestation pacifique, les mères de samedi ont subi des violences policières et plusieurs des participants ont été arrêtés, dont Emine Ocak, une mère de plus de 80 ans. Par la suite, la cour constitutionnelle turque a déclaré que la police avait violé le droit de manifester des Mères du Samedi, en les arrêtant, mais jusqu’à 11 novembre 2023, la police d’Erdogan a refusé de se conformer aux lois de son propre pays…

Le 5 mai dernier, la commissaire aux droits de l’Homme du Conseil de l’Europe dénonçait les violations des droits en Turquie, en attirant l’attention sur les violences subies par les Mères du Samedi : « Les autorités ne respectent toujours pas le droit à la liberté de réunion pacifique des « Mères du samedi » et des autres personnes qui manifestent ce jour-là pour demander que la lumière soit faite sur la disparition de leurs proches, alors que la Cour constitutionnelle turque a déjà conclu deux fois à la violation de leur droit de manifester. Les membres de ce groupe font même l’objet d’une procédure pénale, engagée tout récemment, pour avoir exercé ce droit. La manière dont sont traitées les « Mères du samedi » est une illustration supplémentaire des risques inhérents à un contexte dans lequel les droits humains ne sont pas protégés de manière effective. »