IRAK / SHENGAL – À l’occasion du 8e anniversaire de la libération de Sinjar (Shengal), le Mouvement pour la liberté des femmes yézidies (TAJÊ) a envoyé un message de gratitude aux forces kurdes qui ont libéré la ville de l’État islamique.
A l’occasion du 8e anniversaire de la libération par les combattants kurdes de Sinjar (Shengal) de l’État islamique (EI), le 13 novembre 2015, le Mouvement pour la liberté des femmes yézidies (en kurde Tevgera Azadiya Jinên Êzdi – TAJÊ) commémorer la lutte historique contre l’EI, un combat qui a coûté la vie à des centaines de combattants kurdes.
Le 3 août 2014, des militants de l’Etat islamique ont lancé une attaque génocidaire contre Sinjar, ciblant la communauté yézidie par des meurtres, des enlèvements et des esclavages. Des milliers de personnes ont été victimes et le sort d’un grand nombre reste inconnu.
À la suite de l’assaut initial, 6 000 soldats irakiens et 12 000 soldats peshmergas du Parti démocratique du Kurdistan (PDK) se sont retirés de Sinjar, laissant les habitants exposés au génocide imminent.
Berfin Hezil, journaliste yézidie et témoin oculaire des événements de 2014, a expliqué à l’agence de presse Mezopotamya l’échec du PDK à protéger les Yézidis des forces jihadistes et la manière dont ils ont entravé les efforts locaux d’autodéfense. À l’appui des affirmations de Hezil, un article d’août 2023 paru dans Cradle, un magazine d’information en ligne, détaillait le soutien secret de Masoud Barzani à l’EI. Barzani, alors chef du PDK et président de la région semi-autonome du Kurdistan irakien, est accusé par des témoins yézidis et arabes d’avoir facilité le génocide.
Après le retrait de l’armée irakienne de Mossoul, permettant à l’EI d’occuper la ville, Abdullah Öcalan, le chef emprisonné du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), a appelé à la protection des minorités, notamment des Yézidis. Le PDK, qui contrôlait Sinjar à l’époque, n’a pas tenu compte de ces appels et n’est pas intervenu. Les Unités de défense du peuple (YPG) et les Unités de défense des femmes (YPJ), rattachées aux Forces de défense syriennes, sont intervenues, créant un couloir humanitaire qui a permis à des milliers de Yézidis de fuir vers le nord et l’est de la Syrie.
Hezil a également affirmé que le PDK avait conclu un pacte avec l’Etat islamique, empêchant toute force d’entrer dans Sinjar pour aider les Yézidis. Malgré les efforts du PKK pour favoriser la coopération contre l’Etat islamique, l’inaction du PDK a persisté, laissant les Yézidis à la merci de l’Etat islamique, nombre d’entre eux succombant à la faim et à la soif pendant le siège. Par ailleurs, selon le journaliste Behêz Hussein, Barzani n’a toujours pas tenu sa promesse d’ouvrir une enquête sur l’abandon du peuple yézidi par le PDK au pouvoir lors des attentats de 2014.
Génocide yézidi
Le génocide perpétré par l’Etat islamique en 2014 contre les Yézidis dans le Sinjar impliquait l’exécution d’hommes yézidis qui refusaient de se convertir à l’islam et la réduction en esclavage de milliers de femmes et de filles, certaines âgées d’à peine neuf ans. En mai 2021, une équipe d’enquête spéciale de l’ONU a trouvé des « preuves claires et convaincantes » du génocide. Les législateurs allemands ont reconnu ces massacres comme un génocide le 1er janvier 2023. Les parlements belge et néerlandais ont également officiellement reconnu le génocide des Yézidis plus tard dans l’année.
La reconnaissance officielle par le Royaume-Uni et l’Australie du génocide yézidi perpétré par l’Etat islamique en 2014 a également constitué une évolution significative dans la reconnaissance internationale de ces atrocités. L’ annonce du Royaume-Uni le 1er août 2023 et la reconnaissance du Parlement australien le 10 août 2023, juste avant le neuvième anniversaire de l’assaut initial, représentent des étapes importantes dans la reconnaissance et la lutte contre les graves violations des droits humains commises contre la communauté yézidie par l’Etat islamique.
Le Mouvement pour la liberté des femmes yézidies a exprimé sa gratitude à tous les combattants kurdes qui ont sacrifié leur vie pour défendre Sinjar, affirmant que la libération de la ville avait été obtenue grâce « au sang et au travail de centaines de martyrs ». Ils se sont engagés à poursuivre leurs efforts pour construire et protéger un Sinjar libre.