PARIS – La première conférence mondiale de la jeunesse Youth Writing History (La jeunesse écrit l’histoire) commençait hier et dure pour encore 2 jours sur Paris.
Plus de 80 organisations politiques venant de 50 pays (Argentine, Mali, Philippines…) se sont rassemblées pour ce moment de partage initié par la jeunesse internationaliste du mouvement kurde.
Les discussions portent sur les enjeux propres à la jeunesse et sur l’importance de la jeunesse à s’engager dans une lutte contre les systèmes globaux de domination.
Le patriarcat et la modernité capitaliste écocidaire ne peuvent être détruits sans un internationalisme fort.
Comprendre le monde d’aujourd’hui – résumé de la journée de vendredi par Youth Writing History
Durant cette journée du vendredi, nous avons entendu des ami/es de quatre continents différents, qui ont présenté leur analyse de leur contexte régional et international. Elles et ils se sont inspirés de leurs réalités locales et de leurs expériences de lutte contre les régimes fascistes et la modernité capitaliste.
La jeunesse argentine de Poder Popular partagé l’analyse de sa situation, et notamment de la bourgeoisie politique argentine qui alterne entre des gouvernements libéraux et progressistes. Il s’agit d’une crise de représentation et d’identité politique que l’on retrouve sur l’ensemble du continent. Amplifiée par l’après-pandémie et une forte crise économique, ainsi que par une dépendance croissante aux réseaux sociaux, cette situation a conduit à une société hyper-individualiste. La camarade argentine a également parlé du rôle que le mouvement féministe « Ni Una Menos » a joué en montrant la capacité des jeunes à construire un mouvement politique ancré dans base sociale.
« L’histoire de nos mouvements révolutionnaires régionaux, comme ceux de Cuba et du Nicaragua, et la résistance contre les dictatures militaires soutenues par les États-Unis que nos parents et grands-parents ont construite dans les années 70, devrait nous inspirer et nous montrer que la lutte pour un monde nouveau est possible et qu’elle relève de notre responsabilité. »
Comme l’a souligné le camarade de la jeunesse de Kurdistan, il y a toujours eu du conflit, mais aussi de la résistance et de la lutte au Moyen-Orient. Un conflit à l’image des affrontements entre la modernité capitaliste et les forces démocratiques. Les forces capitalistes ont toujours créé de toutes pièces des justifications pour leurs intérêts militaires et politiques, comme cela s’est produit lors de l’invasion du Koweït par l’Irak ou de l’invasion de l’Irak et de l’Afghanistan par les États-Unis, ou comme nous le voyons aujourd’hui dans le génocide en Palestine. Cependant, nous ne soutiendrons jamais la guerre au nom des monopoles des États-nations. Le camarade a poursuivi en parlant de la situation en Palestine : « Des milliers de camarades, de tout le Kurdistan, sont actuellement en prison, construisant une grande résistance même face à une répression implacable, et c’est pourquoi nous comprenons très bien la situation du peuple palestinien. Nous ne sommes jamais du côté de ceux qui font la guerre à la société au nom d’intérêts nationalistes et fascistes. »
Il a poursuivi : « Partout, dans les villes, dans les prisons ou dans les montagnes, notre peuple résiste au fascisme turc – un fascisme qui a des racines historiques profondes et qui s’étend sur une lutte millénaire. En Palestine également, des personnes luttent contre un système fasciste qui cible systématiquement la jeunesse, sa volonté politique et son identité.
Ils veulent détruire Abdullah Öcalan, ses idées et la réalité que ses idées ont inspirée, afin de montrer aux jeunes que le socialisme est voué à l’échec. C’est pour cela qu’ils nous ciblent et qu’ils ciblent Öcalan. Ils ont peur de notre idéologie, de nos idées, et même de notre présence à cette conférence. »
La camarade de Anakbayan a parlé de la lutte des jeunes contre le système néocolonial et semi-féodal que les États-Unis et la Chine ont imposé à la société philippine. Il existe une forte relation de dépendance entre leur gouvernement et celui des États-Unis, dont les racines remontent à l’histoire du colonialisme et des intérêts américains dans le Pacifique. « Nous devons faire avancer la lutte populaire et atteindre les gens dans toutes les parties de la société, afin de créer un nouvel ordre mondial, géré par le peuple, loin des politiques néolibérales et de la domination militaire et politique construites par les forces impérialistes. »
Le camarade malien de UACDDD, quant à lui, souligné de nombreux problèmes dans le pays, en particulier depuis les grandes crises économiques de 2018, comme le changement climatique, la déshydratation des sols, la vaste exploitation et l’appropriation des terres (1 milliard d’hectares ont été « accaparés ») pour les monocultures et les mines d’or, la migration et la chasse illégale des animaux.
« De nombreuses maisons et villages ont été détruits pour exploiter la terre. Des familles et des communautés entières ont été expulsées, surtout entre 1993 et 2017.
Nous luttons contre la ségrégation foncière, pour le logement, la réhabilitation des espaces sociaux, la sécurité des moyens de subsistance des personnes, ainsi que pour la restauration et la préservation de l’environnement. L’État ne peut pas posséder la terre, la terre et la vie des personnes ne font qu’un et ne peuvent pas être séparées. Cette lutte touche et mobilise en particulier nos jeunes et nos femmes, qui continuent à mener le combat. »
Il est clair, comme l’ont souligné tous/tes les porte-paroles, que les États-nations comme la Chine, les États-Unis, la Turquie ou Israël, sont plongés dans de profondes contradictions. Ils sont incapables de dissimuler les crises qui affectent notre société et utilisent la répression et les politiques génocidaires contre toute dissidence. C’est pourquoi, comme les camarades nous l’ont rappelé au cours de cette première journée de conférence, nous devons utiliser tous les moyens possibles pour lutter contre le fascisme : Il est de la responsabilité de la jeunesse de créer une société démocratique! C’est pourquoi, dans notre vie, nous devons construire une idéologie forte, résister à la répression et à ses tentatives de dépolitiser la jeunesse.