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TURQUIE. 4 femmes politiques kurdes emprisonnées accusées de fabriquer de l’alcool en prison

TURQUIE – Les autorités pénitentiaires turques ont confisqué un bocal contenant des morceaux de citrons utilisés pour détartrer une théière par des femmes politiques kurdes emprisonnées Ayla Akat Ata, Ayşe Yağcı, Dilek Yağlı, Meryem Adıbelli et Pervin Oduncu. Elles sont accusées de « fabriquer de l’alcool éthylique en prison », et risquent une peine d’emprisonnement d’un à trois ans.

Un procès a été intenté contre les femmes politiques Ayla Akat Ata, Ayşe Yağcı, Dilek Yağlı, Meryem Adıbelli et Pervin Oduncu, qui sont actuellement détenues dans le cadre du procès de Kobanî, pour « introduction clandestine d’objets interdits dans un établissement pénitentiaire ». L’acte d’accusation, préparé par le parquet général d’Ankara a été accepté par le 11ème tribunal pénal de première instance d’Ankara.

L’acte d’accusation précise : « À la suite de la perquisition effectuée le 22 février 2023 dans le dortoir F-4, un pot rempli de morceaux de citron a été découvert (…). Selon le rapport d’expertise, la substance liquide contenait de l’alcool éthylique, et par conséquent, les suspectes (…), dans une action et une intention conjointes, ont produit une substance contenant de l’alcool (fruits en fermentation et autres substances) et ont conservé et utilisé cette substance dans l’établissement pénitentiaire, commettant ainsi l’acte de contrebande d’articles interdits dans l’établissement pénitentiaire (…). »

Elles utilisent le citron pour le détartrage

L’acte d’accusation précise que les femmes politiques affirmaient avoir utilisé le mélange saisi à des fins d’hygiène, notamment pour détartrer les théières.

Le rapport d’expertise du 2 juin 2023 affirme que le mélange retrouvé dans le dortoir des femmes « contenait de l’alcool éthylique ».

Aucun pourcentage d’alcool éthylique dans le rapport médico-légal

Cependant, le laboratoire de la police criminelle d’Ankara indique dans son rapport que 350 millilitres de substance liquide de couleur jaune leur sont parvenus le 16 mai et qu’ils ont effectué une analyse entre le 23 mai et le 2 juin. Alors que le rapport allègue que le mélange contient « de l’alcool éthylique », il ne fournit aucune information sur le pourcentage d’alcool.

Hakan Bozyurt, l’un des avocats du procès de Kobanê, et Dilek Yağlı, s’adressant à bianet, ont déclaré : « Elles avaient mis de côté les citrons donnés par l’administration ou achetés à la cantine pour les utiliser quelques jours plus tard, mais ils ont été confisqués lors des fouilles (…). Elles les utilisaient pour nettoyer le tartre à l’intérieur de la théière. »

Techniquement, l’administration pénitentiaire a produit de l’alcool

Attirant l’attention sur la période d’environ quatre mois entre la saisie du mélange et les dates d’analyse, l’avocat Bozyurt a déclaré : « Le mélange a peut-être fermenté parce qu’il a été laissé longtemps dans un environnement sans air après avoir été saisi, mais il est impossible que l’alcool soit présent au moment où ils l’ont saisi. En fait, techniquement, l’administration pénitentiaire a produit de l’alcool en laissant reposer les citrons qu’ils avaient confisqués. »

Bozyurt a également rappelé que des perquisitions fréquentes sont effectuées dans la prison et que des dossiers sont ouverts pour des raisons absurdes. Il a mentionné qu’une plainte similaire avait été déposée contre des femmes politiques.

Une peine de 1 à 3 ans de prison

Dans l’acte d’accusation, qui demande une peine d’emprisonnement de 1 à 3 ans pour les femmes politiques, « la privation de certains droits » est également exigée.

La première audience du procès aura lieu ce jeudi 7 septembre à 11h30.

Bianet