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TURQUIE. Impunité pour les forces armées turques qui tuent les enfants kurdes

TURQUIE / KURDISTAN – Entre 1988 à 2013, 569 enfants ont été tués dans les régions kurdes de la Turquie (Kurdistan du Nord), selon un rapport de l’Association des droits de l’homme (İHD). Par ailleurs, 21 enfants kurdes ont été tués percutés par des blindés militaires au cours des 15 dernières années. Pour le journaliste Nedim Turfent, le coupable derrière ces meurtres d’enfants est la culture d’impunité dont jouissent les membres des forces armées turques…

Voici l’article de Turfent:

Dans ce pays, le conflit armé, les balles, les bombes et les véhicules blindés ont coûté la vie à des centaines d’enfants. Soit les coupables n’ont pas été jugés du tout, soit ils ont reçu des punitions mineures, presque comme des récompenses. L’impunité systématique crée chaque jour de nouveaux auteurs.

Uğur Kaymaz, Ceylan Önkol, Berkin Elvan, Miray bebek, Cemile Çağırga, Erdem Aşkan…

Le véhicule qu’utilisait un sergent spécialisé a percuté Erdem Aşkan, 5 ans, mercredi 7 juin à Yüksekova, Hakkari, et l’a tué. Le sergent spécialiste responsable du décès, AKP avec ses initiales, a été libéré sous contrôle judiciaire.

La mort du mineur nous a rappelé les décès d’enfants causés par les conflits armés, par les mines, les explosifs sans surveillance, les balles, les explosions de bombes, la violence et les erreurs/négligences des fonctionnaires ou des véhicules blindés tout au long de ces années.

Le conflit armé a coûté la vie à 569 enfants

Au cours de la période de conflit armé de 1988 à 2013, 569 enfants ont été tués dans les provinces de l’est et du sud-est de la Turquie, selon un rapport de l’Association des droits de l’homme (İnsan Hakları Derneği – İHD).

Des véhicules blindés tuent 21 enfants en 15 ans

La branche de Diyarbakır de l’İHD garde la trace des enfants tués après avoir été percutés par des véhicules blindés ou des véhicules utilisés par le personnel de sécurité dans les provinces à majorité kurde. La branche rapporte que 21 enfants ont été tués et 23 ont été blessés dans 82 incidents de ce type au cours des 15 dernières années.

Atteint de 13 balles à l’âge de 12 ans

Uğur Kaymaz, 12 ans, a été tué dans un déluge de coups de feu avec son père Ahmet Kaymaz devant leur maison à Kızıltepe, Mardin le 21 novembre 2004. Uğur a été tué avec ses pantoufles aux pieds. 13 balles ont été retrouvées sur son petit corps et 8 sur celui de son père.

Le gouvernorat de Mardin a annoncé que le père et le fils étaient des « terroristes se préparant à une action », et des kalachnikovs ont été laissés à leurs côtés sur les photos qui ont été divulguées à la presse. Les quatre policiers qui ont été jugés ont été acquittés. La Turquie a été condamnée dans l’affaire portée devant la Cour européenne des droits de l’homme pour « violation du droit à la vie ».
Sa mère collectionne les pièces de Ceylan sur sa jupe

Ceylan Önkol a été tuée d’un obus mortel alors qu’elle n’avait que 12 ans alors qu’elle faisait paître des moutons à Şenlik à Lice, Diyarbakır. Sa mère a pu atteindre le cadavre de sa fille 6 heures plus tard et elle a dû ramasser des morceaux du cadavre de sa fille sur sa jupe.

Pas un seul des auteurs n’a été jugé et les procédures judiciaires engagées par la famille n’ont abouti à aucun résultat. Le tribunal administratif a décidé qu’une indemnité de 283 000 lires (37 530 dollars) devait être versée à la famille.

Berkin Elvan est mort à 16 kg à l’âge de 15 ans

Berkin Elvan, est décédé le 11 mars 2014, après être resté pendant des mois dans le coma après qu’une capsule de gaz lacrymogène tirée par la police lui ait frappé la tête lors des manifestations du parc Gezi le 16 juin 2013. Il avait 15 ans et ne pesait que 16 kilogrammes quand il est mort après 269 jours de coma.

L’affaire s’est terminée huit ans après la mort d’Elvan et le policier reconnu coupable par le tribunal a été condamné à 16 ans et 8 mois de prison.

19 des personnes tuées à Roboski dans un bombardement aérien étaient des enfants

34 personnes ont été tuées, dont 19 enfants dans le village Roboski d’Uludere, Şırnak, à la suite du bombardement par les avions de combat des forces armées turques dans la nuit du 28 décembre 2011. Le massacre n’a pas été rapporté aux informations. canaux la nuit ou le matin. Les grands médias n’ont rapporté l’événement qu’après son annonce sur le site officiel de l’état-major turc.

Les cadavres et les morceaux de corps ont été brûlés. Les villageois devaient transporter les cadavres de leurs bien-aimés sur des couvertures sur des mulets.

Les années ont passé mais aucun auteur n’a été identifié et personne n’a été jugé.

Les frères Muhammed, 7 ans, et Furkan Yıldırım, 6 ans, ont été tués, touchés par un panzer qui a écrasé leur maison le 4 mai 2017, à Silopi, Şırnak. Ö.Y., le policier qui conduisait le panzer a été relâché lors de la première audience.

Plus tard, le policier a été condamné à 19 000 livres turques à titre d’amende et son supérieur MM a été acquitté.

Au moins 80 enfants ont été tués pendant les couvre-feux

Les données que l’İHD et la Fondation des droits de l’homme de Turquie (TİHV) ont recueillies pendant les couvre-feux de 2015-2016 montrent qu’au moins 80 enfants ont été tués pendant ces couvre-feux.

Presque tous les dossiers se sont retrouvés avec des agresseurs non identifiés devant les tribunaux.

Bébé Miray de trois mois

Un bébé de 89 jours, Miray İnce, la grand-mère et le grand-père ont été touchés par balles chez eux pendant le couvre-feu le 25 décembre 2015 à Cizre, Şırnak. Le bébé Miray et le grand-père ont perdu la vie.

Un cadavre dans un congélateur

Dans le distric Cizre de Şırnak, le 7 septembre 2015, Cemile Çağırga a été tuée par balle à Cizre, Şırnak devant leur maison, ouverte depuis un véhicule blindé. En raison du couvre-feu, sa famille a dû garder le cadavre de Cemile Çağırga, 10 ans, dans le congélateur pendant trois jours.

Bünyamin İrci (14), Selman Ağar (9), Hakkı Külte (13), Fatma Elarslan (13), Hüseyin Ertene (16), Mehmet Mete (10), Cihat Morgül (14), Rozerin Çukur (17) et Aydın Mete (17) ont également été tués dans la même période à Cizre.

Ces enfants faisaient partie de ceux dont les dossiers ont été classés devant les tribunaux, car ils avaient été tués par « des auteurs non identifiés ».

La culture de l’impunité

Les organisations de défense des droits de l’homme signalent que dans les cas de décès ou de blessures résultant des actes des forces de sécurité, il n’y a souvent même pas d’enquête ouverte, ou lorsqu’il y a des enquêtes, les auteurs reçoivent des sanctions qui ressemblent davantage à des « récompenses ».

L’impunité entraîne de nouveaux incidents

En l’absence d’enquêtes efficaces ou de sanctions dissuasives, les auteurs continuent d’être protégés par le « bouclier d’impunité ». Malheureusement, de tels décès continuent d’être observés en raison du manque de mesures efficaces prises. L’impunité systématique crée chaque jour de nouveaux auteurs.

Bianet