« Les médias sociaux et Internet devraient jouer un rôle clé lors des élections du 14 mai. Mais le gouvernement cherche à faire taire les voix dissidentes en ligne, ce qui menace l’intégrité du scrutin », écrit HRW.
A 3 jours des élections législatives et présidentielles en Turquie, les ONG de droits humains HRW et ARTICLE 19 se disent inquiètes du contrôle gouvernemental d’Internet qui menace l’intégrité des élections*, déclarant que « les entreprises technologiques devraient donner la priorité aux droits, et le gouvernement devrait mettre fin à la censure en ligne ».
Voici un extrait du communiqué des ONG Human Rights Watch (HRW) et ARTICLE 19:
« Le gouvernement devrait s’abstenir de menacer ou de bâillonner les plateformes de médias sociaux en vue d’empêcher la diffusion des points de vue de l’opposition, lors de la période électorale. Les plateformes des réseaux sociaux et les services de messagerie devraient donner la priorité aux droits humains plutôt qu’aux profits, afin de respecter le droit des électeurs turcs à participer à une élection démocratique ; ces entreprises devraient résister aux pressions du gouvernement et mettre en place des plans d’urgence pour contrer toute tentative d’entraver leur indépendance.
Ces dernières années, le gouvernement a intensifié ses poursuites contre les journalistes, les opposants politiques et d’autres personnes ayant critiqué le président et le gouvernement sur les médias en ligne, ou même simplement pour avoir partagé ou approuvé (via le bouton « J’aime ») des articles critiques sur les réseaux sociaux. Le gouvernement bloque fréquemment certains sites Web, et ordonne souvent la suppression de contenus qui expriment des opinions opposées. Le gouvernement et aussi tendance à bloquer l’accès aux réseaux sociaux populaires en période de troubles politiques ou lorsqu’il anticipe des critiques, comme à la suite des tremblements de terre dévastateurs de février 2023.
En octobre 2022, de nouveaux amendements législatifs ont introduit une vague infraction de « diffusion publique d’informations trompeuses », ainsi que diverses mesures de mise en conformité, permettant au gouvernement de poursuivre sa campagne de répression en ligne pendant les élections. Les plates-formes de médias sociaux qui rejettent les demandes du gouvernement en matière de données d’utilisateurs ou de suppression de contenu pourraient faire face à de lourdes amendes et à des restrictions de bande passante qui rendraient leurs plates-formes effectivement inutilisables en Turquie. »
*Lors du scrutin du 14 mai, les électeurs de Turquie devront choisir entre le président sortant Erdogan et son principal rival Kemal Kiliçdaroglu pour la présidence turque tandis que pour les élections législatives du même jour, une myriade de partis (extrême-droite, islamistes, kémalistes, kurdes, extrême-gauche…) sont en lice.
D’après les récents sondages, après plus de 20 ans de règne quasi absolu, le président turc et candidat à sa succession, Erdogan est sur le point d’être « remercié » par les électeurs lors du scrutin présidentiel (et législative) du 14 mai prochain. En effet, la pauvreté galopante, la crise économique, la polarisation de la société turque, la corruption de la classe dirigeante et la mauvaise gestion du séisme du 6 février 2023 ont achevé la popularité du sultan qui rêvait d’instaurer un califat islamiste en envahissant les régions kurdes de Syrie et d’Irak cent ans après la chute de l’empire ottoman.