17 organisations internationales de défense de la liberté d’expression et des droits humains ont condamné l’arrestation des journalistes kurdes par le gouvernement turc lors de raids politiques survenus hier en Turquie à la veille des élections législatives et présidentielles du 14 mai prochain.
Les ONG ont demandé au gouvernement turc de mettre fin au « harcèlement et à l’intimidation systématiques » des journalistes, avocats et politiciens kurdes à la suite des raids massifs d’hier.
Dans un communiqué commun, 17 groupes, dont la Fédération européenne des journalistes (FEJ) et l’Institut international de la presse (IPI), ont déclaré ce qui suit :
« Le 25 avril, des raids coordonnés à l’aube en Turquie ont visé les maisons et les bureaux de 126 personnes, dont des journalistes, avocats, défenseurs des droits, militants politiques et artistes dans 21 provinces, sur la base d’accusations peu claires. L’agence publique Anadolu a indiqué que l’opération basée à Diyarbakır était liée à des enquêtes antiterroristes menées par le bureau du procureur général de Diyarbakır.
Parmi les personnes détenues à ce jour figurent 10 journalistes et un avocat qui représente les journalistes arrêtés. Du matériel technique, des ordinateurs, des livres et des documents appartenant à des journalistes ont également été confisqués par la police lors des rafles. Il a également été signalé que des mandats d’arrêt ont été délivrés contre 216 personnes et que les recherches se poursuivent pour d’autres journalistes.
Parmi les journalistes détenus à ce jour figurent le rédacteur en chef de l’agence Mezopotamya (MA), Abdurrahman Gök, et les journalistes Ahmet Kanbal et Mehmet Şah Oruç ; rédacteur en chef du quotidien Yeni Yaşam, Osman Akın ; l’éditeur du seul journal imprimé kurde de Turquie, Xwebûn, Kadri Esen ; la journaliste de l’agence féminin JinNews, Beritan Canözer ; et les journalistes Mehmet Yalçın, Mikail Barut, Salih Keleş et Remzi Akkaya.
L’avocat Resul Temur, qui représentait des journalistes emprisonnés à Diyarbakır et à Ankara après des raids similaires en juin et octobre 2022 respectivement, a également été détenu lors de ces raids.
L’association du barreau de Diyarbakır a annoncé que les accusations portées contre les personnes détenues sont toujours inconnues en raison d’une ordonnance de confidentialité couvrant l’enquête et d’une restriction de 24 heures sur l’accès aux avocats pour les personnes détenues.
Les raids ont lieu à l’approche des élections législatives et présidentielles en Turquie qui se tiendront le 14 mai 2023, et représentent une nouvelle étape dans le harcèlement et l’intimidation systématiques des médias et de l’opposition politique kurdes dans le pays.
Auparavant, en juin 2022, un raid similaire avait entraîné la détention initiale de 20 journalistes à Diyarbakır, dont 16 ont été placés en détention provisoire pour terrorisme en attendant un procès qui commence le 11 juillet 2023. En octobre 2022, 11 autres journalistes kurdes ont été arrêtés pour terrorisme dans les provinces d’Ankara, d’Istanbul, de Van, de Diyarbakır, de Şanlıurfa, de Mersin et de Mardin lors de perquisitions simultanées dans des maisons dans le cadre d’une enquête antiterroriste menée par le bureau du procureur général d’Ankara. Leur procès commence le 16 mai 2023.
La base de données Mapping Media Freedom enregistre 27 alertes concernant 91 journalistes, professionnels des médias ou organes de presse kurdes au cours des 12 derniers mois. Les alertes consistent principalement en des incidents juridiques menant généralement à des arrestations, des détentions, des incarcérations, des poursuites et des condamnations.
Nous appelons les autorités à donner immédiatement aux journalistes, avocats et militants politiques détenus l’accès à un avocat, à divulguer tous les détails de toute accusation portée et à veiller à ce qu’ils soient libérés. »
Le communiqué à été signé par:
Coalition pour les femmes dans le journalisme (CFWIJ)
PEN Royaume-Uni
Centre européen pour la liberté de la presse et des médias (ECPMF)
Fédération européenne des journalistes (FEJ)
Fédération internationale des journalistes (FIJ)
Institut international de la presse (IPI)
Association des médias et des études juridiques (MLSA)
Osservatorio Balcani Caucaso Transeuropa (OBCT)
PEN Amérique
PEN International
PEN Pays-Bas
PEN Norvège
PEN Québec
Plateforme pour le journalisme indépendant (P24)
PEN San Miguel
PEN Ecosse
Organisation des médias d’Europe du Sud-Est (SEEMO)
Bianet