TURQUIE / KURDISTAN – Dicle Anter, dont le père Musa Anter a été assassiné à Diyarbakir en 1992 par des paramilitaires turcs, déclare que les meurtres non résolus sont la boîte noire de la Turquie. 31 ans après l’assassinat de son père, il sera candidat à la députation sous l’étiquette du Parti de la gauche verte (nouveau parti créé par le HDP face aux menaces de fermeture le visant).
Dicle Anter, fils du journaliste et écrivain kurde Musa Anter tué par le JITEM* il y a 31 ans, est candidat à la députation pour les élections du 14 mai prochain.
En cas d’élection, Dicle Anter va travailler pour la résolution des milliers de meurtres non élucidés commis essentiellement les régions kurdes pendant les années 1990.
Le fils de Musa Musa a expliqué à Bianet pourquoi il avait posé sa candidature et ce qu’il souhaitait faire au Parlement.
« Les meurtres non résolus sont la boîte noire de la Turquie »
Anter a des propositions de recherche et de solutions aux meurtres non résolus (faili meçhul cinayetler) qui se sont produits en Turquie, notamment dans les années 1990. Il a déclaré qu’il allait travailler afin d’établir une commission vérité au cas où il serait élu.
Révéler la vérité sur ces meurtres aura un effet direct sur l’avenir de la Turquie, estime Anter et ajoute: « Les meurtres non résolus sont la boîte noire de la Turquie. Lorsqu’ils seront révélés, la Turquie aura un avenir très différent. Lorsque la lumière sera faite sur les boîtes noires, nous pourrons faire de grands pas dans les domaines de la justice, de la paix et de la liberté. »
Le pays dont il rêve
Anter veut vivre dans un pays où règnent la paix et l’amour. Il a décrit ses rêves pour l’avenir de la Turquie :
« Je rêve d’une société où les gens ne se tirent pas dessus, ne s’énervent pas, peuvent se parler, chercher des solutions par le dialogue et non par la violence, et utilisent un langage non pas polarisant mais inclusif. »
À propos de Musa Anter
Musa Anter, né en 1920 à Nusaybin, était un écrivain, poète, journaliste et activiste kurde persécuté pendant des décennies par le régime fasciste turc pour avoir milité contre le colonialisme turc au Kurdistan.
Musa Anter, alias Apê Musa (littéralement «oncle Musa» en kurde), qui a écrit des articles dans le quotidien Ozgur Gundem et l’hebdomadaire Yeni Ulke, a été tué par balle à Diyarbakir (Amed). Attirés de son hôtel par un appelant qui lui a demandé de l’aider à régler un litige immobilier, Anter et un ami sont partis en taxi avec un inconnu, âgé entre 25 et 30 ans. Quand ils ont commencé à soupçonner qu’un piège était en train d’être tendu, ils ont exigé de sortir du taxi. L’homme qui les accompagnait est également sorti et, ayant marché devant eux, a commencé à leur tirer dessus avec un pistolet.
Anter a été touché par quatre balles et est décédé peu après. L’ami, touché par deux balles, a été grièvement blessé. Amnesty International a signalé qu’un pistolet de 9 coups de 9 mm avait été utilisé lors de l’attaque, qui aurait eu lieu en périphérie de la ville près d’un poste de police et d’un poste de contrôle de la circulation. Anter, qui ne vivait pas à Diyarbakir, visitait la ville pour signer ses livres lors d’un festival culturel.
*JİTEM: Organisation de renseignement de gendarmerie turque (Jandarma İstihbarat ve Terörle Mücadele ou Jandarma İstihbarat Teşkilatı – JİTEM), était actif surtout dans dans les années 1990.