TURQUIE / KURDISTAN – L’aide humanitaire collectée par des ONG, associations, partis politiques… pour les victimes du séisme du 6 février est confisquée ou bloquée et les bénévoles menacés par les autorités turques. Le parti politique « pro-kurde », HDP invite la communauté internationale à « suivre de près la destruction par le gouvernement des réseaux de solidarité sociale et d’aide humanitaire au moment où les victimes en ont le plus besoin ».
Voici le communiqué du HDP daté du 16 février:
« Alors que les gens ressentent une douleur insupportable à cause des tremblements de terre qui ont tué des dizaines de milliers de personnes et laissé des millions de personnes sans abri, le gouvernement turc a été inefficace dans les missions de sauvetage et dans la réponse aux besoins vitaux des gens tels que la nourriture et le logement. Surmontant son choc et sa panique initiaux, le gouvernement utilise maintenant les pouvoirs de l’état d’urgence pour dissimuler ses échecs en entravant ou en prenant illégalement le contrôle de la collecte et de la distribution de l’aide humanitaire organisée par des ONG, des partis politiques ou des citoyens ordinaires à travers le pays.
Dès le premier jour du séisme, des ONG, notamment des syndicats et des associations communautaires, des partis politiques et des particuliers se sont mobilisés pour venir en aide aux victimes du séisme dans les dix provinces touchées. Le HDP s’est joint à ces efforts en organisant et en acheminant l’aide humanitaire et en établissant des bureaux de crise dans les dix provinces. Cependant, le gouvernement nous empêche de distribuer l’aide aux victimes en faisant des descentes dans nos entrepôts et en confisquant l’aide que nous avons collectée. Quatre camions transportant de l’aide envoyée par le Centre de coordination de crise du HDP dans les zones touchées par le tremblement de terre ont été confisqués et un camion a été renvoyé. La Présidence du gouvernement chargée de la gestion des catastrophes et des urgences (AFAD) a saisi un camion de tentes envoyé aux victimes par le HDP à Adıyaman, une zone qui connaît d’énormes destructions. La police a saisi un autre camion transportant de l’aide d’Izmir à Osmaniye et a arrêté trois personnes, dont le chauffeur. 85 réchauds et un camion contenant des tonnes de bois et de charbon envoyés de Siirt et Batman au quartier Nurdağı de Gaziantep ont également été saisis par l’AFAD, et l’aide que nous avons collectée a été vidée dans les entrepôts de l’AFAD à Gaziantep. Et le 15 février, le gouverneur du district, accompagné de la police et de la gendarmerie, a nommé un «administrateur» du gouvernement pour reprendre le centre de coordination de crise que nous avions établi dans le village de Hasankoca, à Pazarcık, l’épicentre du premier séisme de Kahramanmaraş. Le Centre distribuait une aide humanitaire aux victimes du district et de plus d’une centaine de villages environnants. Les volontaires du HDP dans la ville ont été contraints de quitter la ville pour éviter la détention.
Le gouvernement détruit les réseaux civils de solidarité sociale et de coopération en abusant des pouvoirs de l’état d’urgence. Ces confiscations visent à monopoliser toute l’aide humanitaire entre les mains du gouvernement et à masquer l’inefficacité du gouvernement à répondre à la crise.
Nous invitons la communauté internationale à suivre de près la destruction par le gouvernement des réseaux de solidarité sociale et d’aide humanitaire au moment où les victimes en ont le plus besoin. Malgré toutes les obstructions du gouvernement, le HDP poursuivra ses efforts pour apporter une aide d’urgence aux victimes. »
Communiqué signé par Feleknas Uca et Hişyar Özsoy, co porte-paroles d’HDP pour les affaires étrangères