EUROPE – Alors que la diaspora kurde pleure encore les victimes de l’attaque terroriste de la rue d’Enghien, à Paris, survenue 10 après le meurtre de trois femmes kurdes dans le même quartier, les fascistes turcs ont commencé la campagne électorale pour le président Erdogan tout en proférant des menaces envers les Kurdes et les opposants turcs réfugiés en Europe.
Après l’appel à l’anéantissement des opposants proféré par un député turc dans une mosquée de la ville allemande de Neusse il y a quelques jours, plusieurs organisations veulent empêcher un événement des Loups Gris turcs qui doit avoir lieu ce 22 janvier à Cologne, toujours en Allemagne. Le même jours, plusieurs membres du parti d’Erdogan seront en meeting à Lyon, en France.
Le dimanche 22 janvier au Centre Güney Event à Cologne-Godorf aura lieu la soi-disant « Fête de la Culture et de l’Idéalisme » (« Kültür ve Ülkü Şöleni »). L’événement est organisé entre autre par la Fédération des associations idéalistes démocrates turques en Allemagne (Almanya Demokratik Ülkücü Türk Dernekleri Federasyonu – ADÜTDF). L’ADÜTDF est la plus grande organisation faîtière des ultranationalistes turcs en Allemagne et regroupe 170 associations locales. Dans son rapport de décembre 2022, l’Office fédéral pour la protection de la Constitution déclarait que l’ADÜTDF était l’organisation étrangère la plus influente du parti de l’extrême droite turc MHP.
Les initiatives civiles Tüday (Human Rights Association Turkey/Germany eV), Voices of Solidarity – Mahnwache Köln eV et Kölner Helfen veulent empêcher l’événement et appellent les responsables de la ville de Cologne à empêcher les discours de haine de l’extrême droite turc du MHP et la campagne électorale de l’AKP qui glorifie la violence.
Les trois initiatives ont publié un communiqué condamnant les incitations à la haine et ajoutant que : « Des soi-disant festivals (…) similaires de la droite turque ont récemment eu lieu à Dortmund (27 décembre 2022) et à Neuss (13 janvier 2023). À Dortmund, le salut des Loups Gris de d’extrême droite turque a été diffusé plusieurs fois pendant l’événement. À Neuss, le député AKP Mustafa Açıkgöz de la ville de Nevşehir, au centre de l’Anatolie, a prononcé un discours de campagne électorale dans lequel il menaçait ses opposants politiques d’anéantissement : « Tout comme nous ne leur permettons pas le droit à la vie en Turquie, nous ne le leur permettrons pas dans L’Allemagne non plus. Où qu’ils fuient dans le monde, nous mettrons fin à l’organisation terroriste PKK et à l’organisation terroriste FETÖ. (… ) Avec la volonté de Dieu, peu importe où dans le monde, nous les sortirons des trous dans lesquels ils se sont cachés et les détruirons. » Suite à l’incident, le ministère allemand des Affaires étrangères à Berlin a convoqué l’ambassadeur de Turquie [le 17 janvier 2023] et a annoncé via Twitter : « Des apparitions comme celle d’un député turc à Neuss ne doivent pas se répéter. Les discours de haine n’ont pas leur place en Allemagne. »
Le journaliste Eren Güvercin déclarait récemment au Frankfurter Rundschau à l’occasion d’événements séminaires dans la région Rhin/Main : « De tels événements sont souvent perçus comme des événements folkloriques, mais ils sont bien plus que cela. Une idéologie nationaliste turque est véhiculée à travers les chansons, qui exprime la supériorité de la turcité. Ce n’est donc pas un hasard si le chanteur Mustafa Yıldızdoğan (exemple titre de chanson : ‘Ölürüm Türkiyem’ ; en français: Je mourrais pour toi ma Turquie), particulièrement apprécié de la droite turque, est censé se produire à Godorf. »
L’initiative a terminé son communiqué en rappelant l’attentat terroriste du 23 décembre 2022 ciblant les Kurdes à Paris et a mis en garde contre le racisme, le chauvinisme et l’antisémitisme des groupes turcs qui ne doivent pas être sous-estimés par « les partis démocratiques et la société civile antifasciste ».
ANF