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Le meurtrier de Paris comparait devant le juge d’instruction

PARIS – L’auteur de l’attentat de Paris du 23 décembre est de retour en garde à vue après avoir passé une journée dans le service psychiatrique de la préfecture de police. Il doit comparaître lundi devant un juge d’instruction.

L’auteur du massacre de Paris doit être déféré devant un juge d’instruction aujourd’hui selon une déclaration du parquet de Paris. Dimanche l’après-midi, il a été reconduit en garde à vue depuis le service psychiatrique de la préfecture de police. Lors d’un examen samedi, un médecin a constaté que l’état de santé de l’homme n’était pas compatible avec son maintien en garde à vue.

Vendredi, le Français William M. a abattu trois militants kurdes rue d’Enghien : Emine Kara (Evîn Goyî), M. Şirin Aydın (Mîr Perwer) et Abdurrahman Kızıl. Trois autres Kurdes ont été blessés, dont un grièvement. Selon le procureur, l’homme a fait des aveux complets lors de son interrogatoire. Il aurait avoué une « haine pathologique des étrangers ». Depuis un cambriolage il y a six ans, l’homme aurait « toujours voulu tuer des migrants ou des étrangers ».

Deux des victimes sont mortes sur le coup

Selon les procureurs, William M. voulait à l’origine attaquer des personnes à Saint-Denis, dans le nord de Paris. Il s’y est rendu armé « pour commettre des meurtres d’étrangers ». Puis il a abandonné son plan car il n’y avait que peu de monde sur place et il ne pouvait pas facilement recharger son arme à cause de ses vêtements. Puis il se rendit dans le Xe arrondissement près de la maison de ses parents au centre-ville de Paris. Devant le centre culturel kurde Ahmet Kaya, il a tiré sur Emine Kara, M. Şirin Aydın et Abdurrahman Kızıl. Deux des victimes sont mortes sur le coup. La troisième personne s’est d’abord échappée dans un restaurant kurde de l’autre côté de la rue et y a succombé à ses blessures. L’assaillant a ensuite blessé trois personnes dans le salon de coiffure voisin. L’une des personnes présentes dans le salon de coiffure a réussi à le maîtriser et à le désarmer. Deux des blessés du salon de coiffure sont encore à l’hôpital.

William M. a été interpellé vendredi avec son arme, quatre chargeurs totalisant 14 cartouches et une caisse de 25 cartouches. Selon les informations, il voulait utiliser toutes les munitions et se suicider avec la dernière balle.

William M. a indiqué en vouloir “à tous les migrants” et expliqué, s’en être pris à des victimes qu’il ne connaissait pas, précisant en vouloir aux Kurdes pour avoir “constitué des prisonniers lors de leur combat contre Daesh au lieu de les tuer ». Le parquet ajoute que le suspect affirme ne pas avoir fixé à l’avance le nombre de victimes mais avoir eu l’intention d’utiliser toutes les munitions qu’il avait en sa possession et de se suicider avec la dernière balle.

William M. serait un tireur dans un club sportif et aurait en sa possession de nombreuses armes. Il était sorti de prison il y a 11 jours. L’année dernière, il a attaqué un camp de migrants et blessé plusieurs personnes avec un sabre. En 2016, il aurait tenté de commettre un meurtre pour des motifs racistes. En 2017, il a été condamné à une peine de six mois de prison avec sursis et à une interdiction d’armes à feu de cinq ans.

Marche commémorative rue La Fayette

L’organisation faîtière kurde, le Conseil démocratique kurde en France (CDK-F) a qualifié l’attentat d’« attaque terroriste », survenue après de nombreuses menaces reçues des fascistes turcs. L’association appelle à une manifestation commémorative aujourd’hui pour rendre hommage aux victimes et dénoncer l’impunité des attaques politiques visant les Kurdes.

La marche doit commencer à midi devant le centre culturel Ahmet Kaya attaqué et se poursuivra jusqu’au 147 rue La Fayette. C’est là que se trouve le Centre d’information du Kurdistan, où les militantes kurdes Sakine Cansız (Sara), Fidan Doğan (Rojbîn) et Leyla Şaylemez (Ronahî) ont été abattues par un agent des services secrets turcs le 9 janvier 2013. Bien que dix ans se soient écoulés depuis le premier triple meurtre de Kurdes en plein Paris, personne n’a été tenu responsable à ce jour. Un secret d’État bloque l’enquête.

Alors qu’on écrit ces lignes, on nous signale qu’un jeune Kurde fut poignardé dimanche après-midi par un fasciste turc à Roubaix pendant qu’il écoutait de la musique kurde. La Turquie a exporté sa terreur sur le sol français depuis dix ans. Tant que les autorités françaises ne prendront de mesures fermes, d’autres Kurdes innocents risques d’être massacrés en France.