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Pourquoi les dominants ne peuvent s’approprier le slogan féministe kurde « Jin, Jiyan, Azadi »?

Le slogan féministe kurde « Jin, Jiyan, Azadi » (femme, vie, liberté) parti de Saqqez, la ville natale de Jina Mahsa Amini, au Kurdistan «iranien», est scandé en ce moment lors des protestations qui secouent tout l’Iran. Mais, souvent, les Iranien.e.s qui le scandent ignorent complétement l’histoire de ce slogan qui est né d’une lutte de plus de 40 ans, au prix de milliers de vie de femmes et hommes kurdes en lutte contre le colonialisme turc, perse et arabe au Kurdistan. Alors, à ces hommes et femmes d’Iran, avant de scander de nouveaux « Jin, Jiyan, Azadi », lisez un bref résumé de son histoire de la plume de Hawzhin Azeez pour comprendre que les dominants ne peuvent s’approprier ce slogan.

 

Pourquoi les dominants ne peuvent s’approprier le slogan féministe kurde « Jin, Jiyan, Azadi »?

« Jin, Jiyan, Azadi » est un slogan kurde créé par la lutte des femmes kurdes révolutionnaires sur 40 ans. 40 ans de terreur, de violence, de prison, de torture, d’exécutions, de décapitations, de violences sexuelles, de faim et de disparitions pour être des femmes kurdes.

Des décennies de résistance contre les oppressions patriarcales, fascistes et statistes. Des décennies de cris inouïs de douleur et de souffrance. C’était le cri de Sakine Canciz [une des trois femmes assassinées à Paris le 9 janvier 2013]quand ils lui ont coupé les seins dans une prison turque.

Des décennies de violences sexistes ciblées contre nous, contre nos femmes kurdes ; beaucoup d’entre elles ont pris les armes et embrassé une vie dans les montagnes pour une révolution toujours en cours.

Nous, les Kurdes, sommes un peuple profondément hospitalier et accueillant. Nous partagerons nos slogans et nos idéologies et aspirations révolutionnaires. Mais pas au prix du sang, de la douleur et de la souffrance de nos femmes kurdes. Nous ne vendrons pas leur sang précieux et sacré, leur noble sacrifice à vos mouvements.

Vous utilisez « Jin, Jiyan, Azadi » mais vous ne savez pas ce que c’est ni où se trouve le Rojava.
Vous ne vous souciez pas du courage et du sacrifice des combattantes de YPJ qui ont vaincu DAECH.
Vous vous fichez que le confédéralisme démocratique soit la solution à vos problèmes politiques et souhaitez simplement éliminer un groupe de vieux barbus et religieux (…).

Vous ne vous souciez pas de Zaynab Jalali qui a été assassiné chaque jour dans la prison iranienne depuis plus d’une décennie. Vous étiez silencieux quand Zahra Muhamadi a été arrêtée et condamnée à une décennie de prison pour avoir enseigné aux enfants kurdes leur langue maternelle.

Vous êtes silencieux quand les Kurdes sont toujours le plus grand groupe d’Iran à être pendus aux chevrons de vos machines lourdes au centre de vos villes comme un spectacle macabre.

Utilisez « Jin, Jiyan, Azadi » mais appelez-la Jina. Appelez-la la kurde. Regardez les milliers de femmes kurdes qui travaillent, d’amour, de sang et de travail derrière elle. Tout aussi important, reconnaissez les autres minorités opprimées et disposées avec lesquelles vous vivez. Voyez la lutte des femmes baloutches en ce moment. Voyez-vous ce qu’ils traversent actuellement ?

Les mouvements révolutionnaires ne sont pas appropriés. Ils créent, donnent naissance et ajoutent à la pléthore déjà existante de praxis et d’idéologie révolutionnaires. Les mouvements révolutionnaires ne s’approprient pas le cri de celles et ceux qui sont déjà opprimés. Les mouvements révolutionnaires ne recolonisent pas celles et ceux déjà colonisés, celles et ceux déjà dépossédés, celles et ceux déjà réduits au silence et assassinés.

Utilisez « Jin, Jiyan, Azadi » mais seulement si vous l’appelez Jina et seulement si vous l’appelez la kurde. »

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