TURQUIE – Les crimes de haine à motivation religieuse ciblant les alévis et les chrétiens, viennent après les crimes haineux à caractère raciste dont sont victimes les Kurdes (et les réfugiés syriens depuis la guerre en Syrie). Mais ils ne sont pas enregistrés en tant que tels par les autorités et les victimes sont souvent réticentes à porter plainte de peur de subir des représailles encore plus graves. Ce qui rend difficile leur recensement. Mais l’Initiative pour la liberté de conscience a réussi a dénombrer 29 crimes de haine à motivation religieuse commis en 2021.
L’Initiative pour la liberté de conscience (İnanç Özgürlüğü Girişimi) a publié un rapport sur «les crimes de haine fondés sur la religion, la croyance ou l’incroyance en Turquie».
L’initiative a pu détecter 29 crimes haineux de ce type dans 16 provinces du pays en 2021.
Les alévis, une minorité religieuse de Turquie, ont été la cible de 12 des attaques. Les chrétiens ont été la cible de 10 attaques, les juifs de cinq attaques et les athées de deux attaques.
En général, les crimes de haine sont beaucoup moins signalés et documentés que les autres crimes, indique le rapport et énumère les raisons suivantes de cette situation:
Les victimes sont habituées aux actes haineux et elles ont un « seuil plus élevé » pour signaler de tels attaques.
Les victimes choisissent de ne pas signaler ces incidents, compte tenu du risque d’exclusion sociale.
Les victimes craignent que leurs déclarations ne soient pas prises au sérieux et qu’ils puissent être victimes de crimes de haine encore pires, y compris de la part de la police, s’ils signalent ces attaques haineuses.
Les crimes haineux n’ont pas fait l’objet d’enquêtes
La caractère haineuse de ces attaques n’a fait l’objet d’une enquête efficace dans aucun des 29 incidents, selon le rapport.
Les attaques comprenaient des dommages aux biens, des menaces, des agressions physiques contre des personnes, des dommages aux lieux de culte et aux cimetières, du harcèlement et des insultes.
Législation inadéquate
Le plan d’action pour les droits humains annoncé par le gouvernement en avril 2021 comprenait les objectifs de nouveaux arrangements juridiques pour les crimes de haine et la création d’une base de données sur les crimes de haine et la discrimination.
Ces objectifs n’ont pas été atteints et la législation du pays sur les crimes de haine est inadéquate, note le rapport.
La lutte contre les crimes de haine doit être développée de manière globale et en tenant compte des « traumatismes sociaux profonds», indique le rapport.
L’initiative appelait également à de nouvelles dispositions juridiques contre les crimes de haine.